combat, où l'on voit encore des javelots brisés et de nombreuses autres armes fracassées, des têtes de chevaux attachées aux arbres, des autels où les barbares ont sacrifié les officiers et les généraux, et où ceux qui ont échappé à la mort montrent les endroits où les chefs ont reçu le coup fatal, où Varus a reçu ses premières blessures, et où peu de temps après, il s'est donné la mort de sa propre main, Germanicus, a été submergé par la tristesse et la compassion. Il a éclaté en sanglots, abandonnant son âme à la douleur. Il a incité les soldats à rendre les derniers hommages à ces malheureux, dont certains étaient leurs parents et leurs amis. Il a laissé la place à la tristesse dans leurs cœurs pour les exhorter ensuite avec plus d'ardeur à la vengeance. De sa propre main, il a allumé le premier feu sur la tombe érigée en l'honneur de ces nécessiteux. Cependant, Tibère n’a pas donné son approbation à cette action. Il ne comprenait pas qu'on puisse être vaillant et sensible en même temps, qu'on puisse donner une sépulture à ses amis et vaincre ses ennemis. Il considérait l’affection comme un sentiment indigne d'un grand courage. Il aurait voulu que Germanicus passe outre ces montagnes de morts sans se souvenir qu'ils avaient été des Romains comme lui, qu'ils avaient combattu comme il allait combattre, que les mêmes ennemis les attendaient, que pour mériter la victoire sur ceux qui les avaient vaincus, il fallait devenir favorable aux dieux et nourrir dans l'âme de ses soldats le désir de se venger afin d’attiser leur vigueur au combat et de remporter la bataille. Mais les principes de Tibère et ceux de Germanicus étaient bien différents, ce qui les a conduits sur des chemins bien distincts. Tibère règne et Germanicus est mort. Rendons-lui au moins les mêmes honneurs qu'il a rendus aux soldats de Varus. Puisqu'il a eu assez de cœur pour venger leur mort, soyons au moins assez cléments pour pleurer la sienne. Mais ne le laissons pas plus longtemps au milieu de cette affreuse campagne jonchée de cadavres. Regardons-le dans ses conquêtes, voyons comment le vaillant Arminius n’a pas osé l’affronter et admirons son adresse, sa conduite et son courage lorsqu'il a poursuivi et vaincu un ennemi si puissant. En faisant cela, Germanicus a veillé à allier la prudence au courage. Surprenant les Chattes lorsqu'ils s'y attendaient le moins, il a ravagé tout leur pays, prenant la ville de Mattium, la capitale de la province, y mettant le feu, y faisant un grand nombre de prisonniers, semant la terreur partout avant de reprendre le chemin du Rhin sans que l'ennemi ose le suivre. Ensuite, il est venu au secours de son allié Ségeste, qui était assiégé par les membres de sa propre nation pour renforcer Arminius. À l’arrivée de Germanicus, Arminius semblait plutôt fuir que se retirer, mais ce n'était qu'une ruse pour que Germanicus arrive dans une embuscade. Heureusement, il a échappé à toutes les embuscades qui avaient été préparées contre sa vie. Il a prouvé sa valeur lors de ces péripéties. Voyant que les Germains qui lui étaient alliés se dirigeaient vers un marais très avantageux pour les ennemis, il a fait avancer toutes les légions romaines en formation de bataille, ce qui a semé la terreur parmi les troupes d'Arminius et assuré la confiance parmi les nôtres. Le succès de Germanicus s’est également 142