qu'il a vécu, servir ses plus grands ennemis. Et ce qui est le plus étrange et le plus merveilleux, c’est qu’il est mort sans accuser le chef de la conspiration contre sa vie, se contentant de demander à ses amis de punir les complices. Il me semble, Romains, que c'est la moindre chose que l'on puisse accorder aux cendres d'un petit-fils d'Antoine et d’Octave et du mari d'Agrippine. Oui, Romains, même si Tibère était le chef de cette conspiration, en tant que grand homme politique qu'il est, il devrait éliminer les complices de son crime. Piso et Plancina doivent être sacrifiés pour Germanicus. Même si c'est simplement pour les empêcher de parler et pour apaiser vos larmes, ils doivent perdre la vie. Ceux qui se lancent dans des actions malveillantes ont toujours l'habitude de se débarrasser des exécutants de leurs affreux projets afin de ne pas être soupçonnés. Piso a déjà osé dire à Vibius Marsus, avec une moquerie impertinente qui semble viser une personne que je préfère ne pas nommer par respect, qu’il prétendrait venir à Rome pour se défendre de la mort de Germanicus uniquement lorsque le juge chargé des empoisonnements aurait convoqué tous les coupables et les accusateurs. Oui, Romains, je vous le dis encore, quelle que soit la manière dont Germanicus est mort, Piso doit mourir. Je fais confiance à la prudence de Tibère et je ne doute pas que Piso sera condamné et que la mort de Germanicus sera vengée d'une manière ou d'une autre. Mais pour obtenir cette satisfaction, utilisez vos larmes et vos prières. Faites résonner partout le nom de Germanicus. Ne confinez pas votre douleur dans le tombeau d’Octave avec ces pitoyables reliques que nous y apportons. Suivez-moi, Romains. Allons au Sénat demander justice pour Germanicus. Rappelons- leur qu'il serait honteux de ne pas venger la mort d'un homme pour qui des arcs de triomphe ont été dressés, qu'on a vu entrer à Rome dans un char de triomphe et qui est passé parmi toutes les nations, même parmi les barbares, en tant que l'être le plus prestigieux. N'utilisons pas de sorts ou d'enchantements pour vaincre nos ennemis, comme ils en ont utilisé pour tenter de vaincre Germanicus. Ne vengeons pas sa mort avec les mêmes armes qui l'ont causée. Fions-nous à la justice des dieux, à la prudence de Tibère et à l'autorité du Sénat. Ils n'oseraient pas nous refuser la justice que nous réclamons. Soldats qui l’ont suivi, réclamez le sang de Piso pour venger la perte de votre capitaine. Racontez au Sénat les dangers dans lesquels vous l'avez accompagné. Montrez les blessures que vous avez subies lors des combats auxquels il participait. Dites la vérité sur ce dont vous avez été témoins et demandez enfin que la mort du père des légions et de votre général soit vengée. Vous, citoyens qui m'écoutez, exigez avec audace que l'on venge la perte de Germanicus. Souvenez-vous de ce qu'il était : sa volonté, sa modestie, sa bonté, son courage, sa générosité et sa sagesse. Dites que c'était le modèle sur lequel vous espériez guider la vie et les valeurs de vos enfants pour les empêcher de suivre les mauvais exemples qu'ils voient chaque jour. Dites que vous avez perdu votre soutien, et demandez au moins que l'on venge celui qui 145