Vibius Marsus est un sénateur romain. Il est consul en l'an 17 de notre ère. Il est envoyé pour convoquer Piso à Rome pour son procès. Vingtième discours – Sappho à Érinna Sappho, poétesse de Lesbos Contexte Vous allez entendre parler de Sappho, dont la réputation a traversé les siècles. Même Platon l'admirait et son image fut gravée comme celle d'une déesse sur la monnaie d'un grand peuple. Nous avons encore une forme de poésie qui porte son nom, les vers saphiques, car c'est elle qui créa cette mesure que des grands hommes de l'Antiquité grecque et romaine attribuèrent à la dixième Muse. Je profite de cette occasion pour vous encourager à écrire des vers comme elle afin de montrer que les femmes en sont capables et qu'elles ont tort de négliger une occupation aussi agréable. C'est le sujet de ce discours, qui est adressé ici à Érinna, et que je dédie en particulier à la gloire des femmes, de la même manière que je l'ai fait tout au long de ce volume. Sappho à Érinna Érinna, il est nécessaire que j’élimine aujourd'hui en toi cette méfiance envers toi- même et cette timidité mal placée qui t'empêchent d'utiliser ton esprit avec son plein potentiel. Mais avant de te parler de ton mérite en particulier, laisse-moi te montrer celui des femmes en général afin que cette compréhension puisse plus facilement te conduire vers l’objectif de mes paroles. Ceux qui affirment que la beauté est un domaine réservé aux femmes, et que les beaux- arts, les belles lettres et toutes les sciences sublimes et compliquées appartiennent uniquement aux hommes, en nous excluant abusivement, sont aussi éloignés de la justice que de la vérité. Si tel était le cas, toutes les femmes naîtraient avec la beauté et tous les hommes auraient de fortes probabilités de devenir savants. Autrement dit, la nature serait injuste dans la distribution de ses trésors. Mais nous constatons tous les jours que la laideur se trouve parmi notre sexe et la stupidité au sein de l'autre. Si c'était vrai que le charme était le seul avantage que nous recevions du ciel, non seulement toutes les femmes seraient belles, mais je crois même qu'elles le resteraient jusqu'à leur mort, que le temps respecterait chez elles ce qu'il détruit à chaque instant, et étant envoyées sur terre uniquement pour y montrer leur splendeur, elles seraient donc belles aussi longtemps qu'elles y seraient présentes. Il serait vraiment étrange de vivre un siècle en pensant qu’une seule chose pourrait nous rendre remarquables aux yeux des autres, et en ne profitant que des cinq ou six années de la gloire que la beauté peut nous apporter, parmi toutes les 149