Mais Arinbjorn et Egil, suivant une route sud le long de la côte avec leurs navires de guerre, se dirigeaient ensuite vers le sud jusqu'en Saxe, où ils harcelaient pendant l'été et s'enrichissaient. À l'approche de l'automne, ils revenaient au nord en pillant, et mouillaient leurs navires au large de la Frise. Une nuit calme, ils remontèrent un grand estuaire où l'ancrage était mauvais, et le retrait de la marée était important. Il y avait là, sur la terre, de vastes plaines bordées par la forêt. Les champs étaient trempés à cause de la pluie qui avait beaucoup tombé. Ils décidèrent de se diriger vers cette terre, laissant derrière eux un tiers de leurs forces pour garder les navires. Ils longèrent la rivière, entre celle-ci et la forêt. Ils arrivèrent rapidement à un hameau où vivaient plusieurs paysans. Les habitants s'enfuirent du hameau vers les champs, du moins ceux qui le pouvaient lorsque ils aperçurent l'ennemi mais les flibustiers les poursuivirent. Ils arrivèrent ensuite à un deuxième village, puis à un troisième, tous les habitants fuyant devant eux. La terre était plate, remplie de champs traversés par des canaux pleins d'eau. Ces champs de blé ou de prairies étaient limités par ces canaux, parfois entourés de grandes piquets, et enjambés par des ponts et des planches pour permettre le passage des hommes. Les villageois s'enfuirent vers la forêt. Mais lorsque les flibustiers s'étaient bien enfoncés dans les terres habitées, les Frisons se regroupèrent dans les bois et, lorsqu'ils furent réunis à trois cents hommes, ils se mirent en marche contre les flibustiers décidés à se battre. Un combat acharné eu lieu ; mais au final, les Frisons prirent la fuite et les flibustiers poursuivirent les fugitifs. Les paysans qui échappèrent se dispersèrent au loin, tout comme leurs poursuivants. Ainsi il arriva que de part et d'autre, peu restèrent groupés. Egil pourchassait ardemment, avec quelques-uns de ses hommes, un groupe nombreux en fuite. Les Frisons arrivèrent à un canal, le traversèrent et enlevèrent le pont. Egil et ses hommes arrivèrent sur l'autre rive. Egil se précipita sur le canal et le sauta, ce qui aurait été impossible pour d'autres hommes, personne d'autre n'essaya. Mais quand les Frisons virent qu'un seul homme les suivait, ils se retournèrent et l'attaquèrent. Egil se défendit bien, se couvrant avec le canal pour éviter qu'ils l'attaquent sur tous les côtés. Onze hommes se lancèrent contre lui, mais il finit par tous les tuer. Après cela, Egil poussa le pont par-dessus le canal et le repassa. Il vit alors que tous ses hommes étaient retournés aux navires. Il était alors près de la forêt et marcha le long de celle-ci vers les navires, sachant que s'il en avait besoin, il pourrait s'y abriter. Les flibustiers avaient amassé beaucoup de butins et de bétails sur la plage. Et quand ils revinrent aux navires, certains abattirent le bétail, d'autres transportaient le butin aux navires, d'autres encore formaient des boucliers; car les Frisons étaient descendus en force, leur tirant dessus, prêts pour le combat. Et quand Egil arriva et vit l'état des choses, il courut à toute vitesse vers la foule. Il tenait sa hallebarde devant lui de ses deux mains, et avait placé son bouclier derrière son dos. Il avança sa hallebarde et tout ceux devant lui se mirent de côté, ce qui lui permit de passer directement à travers les rangs. Ainsi il se faufila parmi ses hommes, qui le considéraient comme ressuscité. Ils montèrent alors à bord des navires et quittèrent la terre. Ils mirent ensuite le cap sur le Danemark. Lorsqu'ils arrivèrent au fjord de Lima et mouillèrent à Hals, Arinbjorn convoqua une réunion avec ses hommes et leur exposa son plan. ’Maintenant, dit-il, ’je vais chercher les fils d'Eric avec la force qui voudra me suivre. J'ai maintenant appris que les frères sont ici, au Danemark, maintiennent une puissante suite et passent leurs étés à harceler, mais demeurent ici au Danemark pendant les hivers. Je donne maintenant la permission à tous ceux qui préféreraient plutôt faire cela que de me suivre de retourner en Norvège. Quant à toi, Egil, il me semble que le meilleur conseil serait que, dès que nous nous séparons, tu retournes en Norvège, puis fasses route vers l'Islande le plus rapidement possible.' Ensuite, les hommes se séparèrent pour rejoindre leurs navires respectifs. Ceux qui souhaitaient retourner en Norvège rejoignirent Egil, mais la majeure partie des forces suivirent Arinbjorn. Arinbjorn et Egil se séparèrent en bons termes et restèrent amis. Arinbjorn partit chercher les fils d'Eric et rejoignit la compagnie d'Harold Gray-fell, son fils adoptif, et resta avec lui aussi longtemps qu'ils vécurent. Egil remonta vers le nord jusqu'à Vik, puis vers le fjord d'Osloar. Là se trouvait son navire marchand, qu'il avait fait déplacer là au printemps. Il y avait également sa cargaison et les hommes qui étaient partis avec le navire.