Il y avait un homme nommé Olaf, fils de Hauskuld Dale-Koll et de Melkorka, fille de Myrkjartan, roi des Irlandais. Olaf résidait à Hjardarholt, dans la vallée de la rivière Lax-River-Dale, à l'ouest de Broad-firth dales. Olaf était très riche, l'homme le plus beau d'Islande de son temps, noble de caractère. Il demanda en mariage Thorgerdr, fille d'Egil. Thorgerdr était belle, plus grande que de coutume pour une femme, sage, plutôt fière d'esprit, mais douce dans la vie quotidienne. Egil connaissait bien Olaf et savait que le mariage était digne, c'est pourquoi Thorgerdr fut donnée à Olaf. Elle alla vivre avec lui à Hjardarholt. Auzur, fils d'Eyvind, frère de Thorod à Olvos, avait pour femme Bera, fille d'Egil. Chapitre 81 - Mort de Bodvar : le poème d'Egil à ce sujet. Bodvar, le fils d'Egil, grandissait à cette époque ; c'était un jeune homme plein de promesses, beau, grand et fort, comme l'étaient Egil ou Thorolf à son âge. Egil l'aimait beaucoup, et Bodvar était très attaché à son père. Une fois, l'été, il se trouva qu'un navire était amarré à White-river, où se tenait une grande foire. Egil y avait acheté beaucoup de bois, qu’il faisait acheminer chez lui par voie d'eau : pour ce faire, ses serviteurs y allèrent, emmenant avec eux un bateau à huit rames appartenant à Egil. Bodvar demanda une fois à les accompagner, et ils lui permirent de le faire. Il alla donc sur le terrain avec les serviteurs de la maison. Ils étaient en tout six sur le bateau à huit rames. Et quand ils durent repartir, la haute mer était tardive dans la journée, et, comme ils devaient attendre le changement de marée, ils ne partirent pas avant tard le soir. Puis arriva une violente tempête du sud-ouest, contre laquelle courait le courant de la marée descendante. Cela provoqua une mer agitée dans le fjord, comme cela peut souvent arriver. Il arriva finalement que le bateau coula sous eux, et tous périrent. Le lendemain, les corps refirent surface : le corps de Bodvar échoua à Einars-ness, mais certains s'échouèrent sur la rive sud du fjord, où le bateau fut également poussé, se retrouvant loin près de Reykjarhamar. Egil apprit ces nouvelles le même jour, et partit immédiatement à la recherche des corps : il trouva celui de Bodvar, le prit dans ses bras et le mit sur ses genoux, et le transporta à Digra-ness, jusqu'à la butte de Skallagrim. Il fit alors ouvrir la butte, et déposa Bodvar à côté de Skallagrim. Après quoi, la butte fut à nouveau fermée ; cette tâche ne fut terminée qu'à la tombée de la nuit. Egil rentra alors chez lui à Borg, et, dès qu'il rentra chez lui, il se rendit immédiatement dans le placard fermé à clé où il avait l'habitude de dormir. Il s'y allongea et s'enferma, personne n'osant lui parler. On dit que lorsque Bodvar fut mis en terre, Egil était habillé ainsi : ses bas étaient étroits et bien ajustés à ses jambes, il portait une tunique rouge en futaine, moulante et lacée sur les côtés : mais on dit que ses muscles gonflèrent tant avec l'effort que la tunique lui fut arrachée, ainsi que les bas. Le lendemain, Egil n'ouvrit toujours pas le placard : il ne mangea ni ne but : il y resta pendant cette journée et la nuit suivante, personne n'osant lui parler. Mais le troisième matin, dès l'aube, Asgerdr envoya un homme à cheval, qui se rendit aussi vite qu'il le pouvait vers l'ouest à Hjardarholt, et raconta à Thorgerdr tous ces événements ; il arriva là-bas vers midi. Il dit aussi qu'Asgerdr lui avait demandé de venir le plus vite possible au sud à Borg. Thorgerdr demanda immédiatement à ce qu'on lui selle un cheval, et deux hommes l'accompagnèrent. Ils chevauchèrent pendant la soirée et toute la nuit jusqu'à ce qu'ils arrivent à Borg. Thorgerdr entra immédiatement dans la salle. Asgerdr la salua, et lui demanda si elles avaient dîné. Thorgerdr dit à haute voix, ’Je n'ai pas dîné, et je ne dînerai pas jusqu’à ce que je dîne avec Freyja. Je ne peux pas faire mieux que mon père : je ne veux pas survivre à mon père et à mon frère.’ Elle alla alors vers le placard et appela, ’Père, ouvre la porte ! Je veux que nous empruntions le même chemin.’ Egil déverrouilla. Thorgerdr monta dans le placard, ferma à nouveau la porte, et se coucha sur un autre lit qui était là.