'Je ne le fais pas', dit-il ; 'mais ceci je l'ai noté, qu' à chaque fois que Thorolf est mentionné depuis que nous étions à Leka, le roi reste silencieux, et je soupçonne qu'on lui a dit du mal. Je sais ceci des fils de Hildirida, qu'ils ont longtemps conféré avec le roi, et on voit facilement à leurs propos qu'ils sont les ennemis de Thorolf. Mais je vais bientôt en être sûr de la part du roi lui-même.'

Alors Aulvir s'approcha du roi, et lui dit: 'Voici venu Thorgils Yeller ton ami, avec le tribut qui t'est dû ; et le tribut est beaucoup plus important qu'il ne l'a été auparavant, et de beaucoup meilleures marchandises. Il est impatient de prendre la route; sois si bon, Ô roi, d'aller le voir ; car jamais on n'a vu de si bonnes fourrures grises.'

Le roi ne répondit pas, mais il se rendit là où se trouvait le navire. Thorgils exposa aussitôt les fourrures et les montra au roi. Et lorsque le roi vit que c'était vrai, que le tribut était bien plus grand et de meilleure qualité, ses sourcils se détendirent quelque peu, et Thorgils put lui parler. Il apporta au roi quelques peaux d'ours que Thorolf lui avait envoyées, et d'autres objets de valeur qu'il avait trouvés sur les montagnes. Ainsi le roi s'éclaircit, et demanda des nouvelles du voyage de Thorolf et de sa compagnie. Thorgils lui raconta tout en détail.

Alors le roi dit : 'Quel grand dommage que Thorolf me soit infidèle et conspire ma mort.'

Alors, nombreux furent ceux qui répondirent, tous d'une même voix, que c'était une calomnie de méchants hommes si de tels mots avaient été prononcés, et que Thorolf serait trouvé innocent. Le roi dit qu'il préférerait croire cela. Puis le roi fut jovial dans toute sa conversation avec Thorgils, et ils se séparèrent en amis. Mais lorsque Thorgils rencontra Thorolf, il lui raconta tout ce qui s'était passé.

Chapitre 14 - Thorolf de nouveau en Finmark.
Cet hiver, Thorolf retourna en Finmark, emmenant avec lui une centaine d'hommes. Comme auparavant, il tenait une foire avec les Finns, et voyageait loin et large en Finmark. Mais lorsqu'il atteignit l'extrême est, et que l'on entendit parler de son arrivée, des Kvens vinrent à lui, disant qu'ils avaient été envoyés par Faravid, roi de Kvenland, parce que les Kiriales ravageaient sa terre ; et son message était que Thorolf devait y aller et lui procurer de l'aide ; et en outre, que Thorolf aurait une part du butin égale à celle du roi, et chacun de ses hommes autant que deux Kvens. Chez les Kvens, la loi voulait que le roi ait un tiers de plus que ses hommes lorsque le butin était partagé, et au-delà de cela, comme réservé pour lui, toutes les peaux d'ours et les zibelines. Thorolf soumit cette proposition à ses hommes, leur laissant le choix d'y aller ou non ; et la plupart choisirent de l'oser, car la récompense était si grande. On décida donc qu'ils iraient vers l'est avec les messagers.

La Finmark est une vaste région ; à l'ouest, elle est bordée par la mer, où de grands fjords s'enfoncent ; par la mer aussi au nord et jusqu'à l'est ; mais au sud se trouve la Norvège ; et la Finmark s'étend le long de presque toute la région de l'intérieur au sud, comme le fait aussi le Halogaland à l'extérieur. Mais à l'est du Naumdale se trouvent le Jämtland, le Hälsingland et le Kvenland, puis la Finlande, puis le Kirialaland ; le long de tous ces territoires au nord se trouve la Finmark, et il y a de vastes districts habités, certains dans les vallées, d'autres près des lacs. Les lacs de Finmark sont merveilleusement grands, et il y a d'extensives forêts près des lacs. Mais de hauts plateaux se dressent derrière, de bout en bout de la Mark, et cette crête est appelée Keels.