En ce jour-là, le bétail de Steinar rentrait tard à la maison ; et lorsque tout espoir semblait perdu quant à leur retour, Steinar prit son cheval, le sella et s'arma complètement. Puis, il monta à Borg. Arrivé là, il trouva des hommes à qui parler et demanda où se trouvait Thorstein. On lui dit qu'il était dans la maison. Alors, Steinar demanda à le voir ; il avait, dit-il, une affaire à régler avec lui. À l'ouï-dire, Thorstein prit ses armes et sortit à la porte. Puis il demanda à Steinar de quel ordre était cette affaire. "As-tu tué Thrand mon esclave ?" dit Steinar. "En vérité, j'ai tué", dit Thorstein. "Tu n'as pas besoin de rejeter cela sur un autre homme." "Je vois alors", dit Steinar, "que tu veux protéger ta terre avec une poigne forte, puisque tu as tué mes deux esclaves : et pourtant cela ne me semble pas un grand exploit. Je vais te proposer une alternative bien meilleure, si tu souhaites protéger ton bien par la force : je ne vais pas confier à d'autres hommes la conduite de mon bétail, mais sois certain de ceci, le bétail sera sur ton terrain, nuit et jour." "Il est vrai", dit Thorstein, "que j'ai tué ton esclave l'été dernier, que tu avais mis pour faire paître le bétail sur ma terre, mais ensuite je t'ai laissé l'herbe comme tu voulais jusqu'à l'hiver. Maintenant, j'ai tué un autre de tes esclaves, pour la même faute que le précédent. Encore une fois, tu auras l'herbe à partir de maintenant jusqu'à l'été, comme tu le souhaites. Mais l'été prochain, si tu fais paître mon terre, et que tu envoies des hommes pour conduire ton bétail, alors je continuerai à tuer pour toi chaque homme qui les garde, bien que ce soit toi-même. J'agirai ainsi à chaque été tant que tu persistes dans cette manière de faire pâturer ta terre." Puis Steinar s'en alla et rentra chez lui à Brekka. Peu après, Steinar monta à Stafar-holt, où demeurait alors Einar. C'était un prêtre. Steinar demanda son aide et lui offrit de l'argent. Einar dit, "Tu n'auras pas beaucoup à gagner avec mon aide, à moins que plus d'hommes d'honneur ne te soutiennent dans cette cause." Après cela, Steinar monta à Reykjar-dale pour voir Langue-Odd, lui demanda son aide et lui offrit de l'argent. Odd accepta l'argent et promit son aide ; il devait renforcer Steinar pour faire respecter la loi à Thorstein. Puis Steinar rentra chez lui. Mais au printemps, Odd et Einar partirent avec Steinar en voyage de convocation, en prenant une grande compagnie. Steinar convoqua Thorstein pour meurtre d'esclave et réclama la proscription mineure comme peine pour chaque meurtre. C'était la loi, quand des esclaves de quelqu'un étaient tués, et que l'amende pour l'esclave n'était pas apportée au maître avant le troisième lever du soleil. Mais deux charges de proscription mineure étaient équivalentes à une de proscription majeure. Thorstein n'apporta de contre-convocation sur aucune charge. Et peu après, il envoya des hommes au sud vers Ness, qui vinrent à Grim à Moss-fell et lui racontèrent ces nouvelles. Egil ne montra pas beaucoup d'intérêt pour cette affaire, mais il apprit tranquillement par des questions ce qui s'était passé entre Thorstein et Steinar, ainsi que sur ceux qui avaient renforcé Steinar dans cette cause. Puis les messagers rentrèrent chez eux, et Thorstein semblait bien satisfait de leur voyage. Thorstein, le fils d'Egil, prit une nombreuse compagnie au Thing de printemps : il arriva là une nuit avant les autres hommes, et ils couvrirent leurs stands, lui et les membres du Thing qui avaient des stands là. Et quand ils eurent tout arrangé, alors Thorstein demanda à ses membres du Thing de se mettre au travail, et ils construisirent là de grands murs de stands. Puis il couvrit en un stand bien plus grand que les autres qui étaient là. Dans ce stand, il n'y avait pas d'hommes. Steinar se rendit également au Thing avec une nombreuse compagnie, tout comme Langue-Odd, et Einar de Stafar-holt ; ils couvrirent leurs stands. Le Thing était très plein. Les hommes plaidaient leurs causes. Thorstein n'offrait aucune amende pour lui-même, mais à ceux qui conseillaient l'amende, il répondait qu'il comptait s'en tenir au jugement. Il dit qu'il pensait que la cause pour laquelle Steinar s'était rendu, à propos du meurtre de ses esclaves, était de peu de valeur ; les esclaves de Steinar, arguait-il, avaient fait assez pour mériter la mort. Steinar était fier et puissant à propos de sa cause : il avait, pensait-il, des accusations bonnes en droit, et des aides assez fortes pour défendre ses droits. Il était donc très impulsif dans sa cause.