Ce jour-là, les hommes se rendirent au Thing-brink et exprimèrent leurs plaidoyers ; mais le soir, les juges devaient statuer sur les affaires. Thorstein était là avec sa suite ; il avait une autorité suprême en ce qui concerne les règles du Thing, comme cela avait été le cas pendant que Egil détenait le sacerdoce et la chefferie. Les deux parties étaient entièrement armées. On vit alors arrivant du Thing une troupe d'hommes chevauchant le long de la rivière Cleave avec des boucliers étincelants. Lorsqu'ils arrivèrent au Thing, un homme en manteau bleu chevauchait en tête. Sur sa tête un casque doré, à son côté un bouclier décoré d'or, dans sa main une lance barbelée dont le manche était recouvert d'or et une épée à sa ceinture. Egil Skallagrim's son était arrivé avec quatre-vingts hommes, tous bien armés, comme s'ils étaient prêts pour la bataille. Une compagnie de choix : Egil avait amené avec lui les meilleurs fils de propriétaires terriens des Ness du sud, ceux qu'il jugeait les plus belliqueux. Avec cette troupe, Egil se dirigea vers le stand que Thorstein avait fait couvrir, un stand jusqu'alors vide. Ils descendirent de cheval. Et lorsque Thorstein aperçut son père arriver, lui et tout son groupe allèrent à sa rencontre, et le saluèrent chaleureusement. Egil et son groupe firent porter leurs bagages de voyage à l'intérieur du stand, et sortirent leurs chevaux au pâturage. Cela fait, Egil et Thorstein, avec toute la troupe, se rendirent au Thing-brink, et s'assirent à leur place habituelle. Alors Egil se leva et parla à voix haute : "Aunund Sjoni est-il ici sur le Thing-brink ?" Aunund répondit qu'il était là. Et il ajouta : "Je suis content, Egil, que tu sois venu. Cela réglera tout le différend ici entre ces hommes." "Est-ce sur votre conseil", demanda Egil, "que votre fils Steinar porte une accusation contre mon fils Thorstein, et a rassemblé beaucoup de monde à cette fin, pour faire de Thorstein un paria ?" "Je ne suis pas responsable de cela", dit Aunund, "qu'ils se disputent. J'ai dépensé beaucoup de mots et prié Steinar de se réconcilier avec Thorstein ; car dans tous les cas, j'aurais voulu épargner à votre fils Thorstein la honte : et il y a une bonne raison à cela, c'est l'amitié affectueuse d'autrefois qui a existé entre nous deux, Egil, depuis que nous avons grandi ici en tant que voisins." "Il sera bientôt clair", dit Egil, "si vous parlez vrai ou proférez des paroles en vain ; bien que je pense que ce dernier cas est peu probable. Je me souviens du jour où aucun de nous n'aurait cru possible que l'un accuse l'autre, ou que nous ne contrôlions pas nos fils pour les empêcher de commettre une telle folie que j'entends dire qu'elle risque de s'avérer. Il me semble juste, tant que nous vivons tous les deux et sommes si directement concernés par leur dispute, que nous prenions cette affaire en main et que nous l'arrêtions, et que nous ne laissions pas Tongue-Odd et Einar opposer nos fils comme des chevaux de combat. Qu'ils trouvent désormais une autre façon que celle-ci de gagner de l'argent." Alors Aunund se leva et parla : "Tu as raison, Egil ; et il ne nous convient pas d'être à un Thing où nos fils se disputent. Jamais nous ne devons être honteux de manquer de virilité pour les réconcilier. Maintenant, Steinar, je veux que tu me confies cette affaire, et que tu me laisses en disposer à ma guise." "Je ne suis pas sûr", dit Steinar, "que je vais abandonner ainsi mon affaire ; car j'ai déjà sollicité l'aide de grands hommes. Je ne vais maintenant régler mon affaire qu'à une issue qui satisfasse Odd et Einar." Puis Odd et Steinar discutèrent ensemble. Odd dit : "Je vais t'apporter, Steinar, l'aide que j'ai promise pour obtenir droit, ou pour une issue de l'affaire que tu accepterais. Tu seras principalement responsable de l'issue de ton affaire, si Egil doit être le juge." Là-dessus Aunund dit : "Je n'ai pas besoin de laisser cette affaire à la discrétion de Odd. Ni en bien ni en mal de lui, je n'en ai rien eu ; mais Egil m'a fait beaucoup de bien. Je lui fais plus confiance qu'aux autres ; et je vais avoir le dessus dans cette affaire. Ce sera à ton avantage de ne pas tous nous avoir sur le dos. Jusqu'à présent, j'ai régné pour nous deux, et je continuerai à le faire." Steinar dit : "Tu te montres très impatient à propos de cette affaire, père ; mais je pense que nous allons souvent le regretter."