"Alors je dois y aller moi-même," dit Thorolf.

Et c'est ce qu'il fit; il alla voir le roi pendant son repas et le salua. Le roi accepta sa salutation et ordonna qu'on lui serve à boire. Thorolf dit qu'il avait apporté le tribut du roi de Finmark : "Et j'ai ramené encore plus de butin en cadeau pour toi, Ô roi. Ce que j'apporte vaudra, je le sais, tout son poids grâce à ma gratitude envers toi."

Le roi répondit qu'il ne pouvait s'attendre qu'à du bon de la part de Thorolf : "car," dit-il, "je ne mérite rien d'autre. Pourtant, deux versions de toi circulent, quant à ta volonté de gagner mon approbation."

"Je ne suis pas coupable de ce dont on m'accuse," répondit Thorolf, "si quelqu'un prétend que j'ai été déloyal envers toi. Je pense, et avec raison, que ceux qui propagent ces calomnies à mon égard se révéleront en aucun cas tes amis, mais il est clairement évident qu'ils sont mes ennemis acharnés ; il est probable cependant qu'ils le payeront cher si nous en venons aux mains."

Puis Thorolf s'en alla. Mais le lendemain, Thorolf compta le tribut en présence du roi, et lorsqu'il eut tout payé, il apporta quelques peaux d'ours et de zibelines qu'il demanda au roi d'accepter. Plusieurs des personnes présentes dirent que c'était bien agi et méritait amitié. Le roi dit que Thorolf avait lui-même pris sa propre récompense. Thorolf dit qu'il avait loyalement fait tout ce qu'il pouvait pour plaire au roi. "Mais s'il n'aime pas cela," dit-il, "je ne peux rien y faire : le roi sait, quand j'étais avec lui et à son service, comment je me comportais ; il est étonnant pour moi si le roi me pense maintenant différent de ce que je me suis avéré être alors."

Le roi répondit : "Tu te comportais bien, Thorolf, quand tu étais avec nous ; et je pense que c'est encore la meilleure chose à faire, que tu rejoignes ma garde, portes ma bannière, sois le capitaine de la garde ; alors aucun homme ne pourra te calomnier, si je peux surveiller nuit et jour ton comportement."

Thorolf regarda de chaque côté où se tenaient ses hommes de maison ; puis il dit : "Je répugne à abandonner mes suiveurs : à propos de tes titres et de tes concessions, Ô roi, tu feras comme tu voudras, mais je ne renoncerai pas à mes suiveurs tant que j'aurai de quoi vivre, même si je me débrouille à mes seuls frais. Mon souhait, ô roi, est que tu viennes me rendre visite chez moi, et que tu entendes la parole d'hommes en qui tu as confiance, pour savoir quel témoignage ils me rendent dans cette affaire ; fais ensuite comme tu le constateras."

Le roi répondit et dit qu'il n'accepterait plus l'hospitalité de Thorolf ; alors Thorolf sortit et se prépara à rentrer chez lui.

Mais quand il fut parti, le roi confia à Hildirida’s les affaires du Halogaland que Thorolf avait auparavant dirigées, ainsi que le voyage à Finmark. Le roi revendiqua la propriété de la propriété à Torgar, et de tous les biens que Brynjolf avait possédés ; et tout cela, il le confia à la garde de Hildirida’s. Le roi envoya des messagers à Thorolf pour lui faire part de cet arrangement, et Thorolf prit les navires qui lui appartenaient, chargea tous les biens qu'il pouvait emporter, et, avec tous ses hommes, soit les hommes libres, soit les serfs, il navigua vers le nord vers sa ferme à Sandness, où il continua à vivre dans le même luxe qu'auparavant.