À présent, Egil et ses douze compagnons avaient traversé une forêt et apercevaient alors de vastes plaines labourées. Tout près, se tenait une maison. Ils s’y dirigèrent, et quand ils arrivèrent, ils se précipitèrent dans la maison, mais ne virent personne. Ils prirent tous les biens meubles qu’ils trouvèrent. La maison comportait de nombreuses pièces, alors cela leur prit du temps. Mais quand ils sortirent et s'éloignèrent de la maison, une force armée se tenait entre eux et la forêt, et celle-ci les attaquait. De hauts piquets s'étendaient de la maison à la forêt; Egil leur ordonna de rester près de ces piquets, pour ne pas être encerclés. Ils obéirent. Egil passa en premier, puis les autres, l'un derrière l'autre, si près qu'aucun ne pouvait passer entre. Les Courlandais les attaquèrent vigoureusement, mais surtout avec des lances et des javelots, sans venir au corps à corps. Avançant le long de la clôture, le groupe d'Egil ne réalisa que trop tard qu'une autre ligne de piquets était disposée de l'autre côté, l'espace entre les deux se rétrécissant jusqu'à un virage et bloquant tout passage. Les Courlandais les poursuivirent jusqu'à cette impasse, tandis que certains d'entre eux les attaquaient de l'extérieur, enfonçant des javelots et des épées à travers les piquets, tandis que d'autres jetaient des vêtements sur leurs armes. Les compagnons d'Egil furent blessés, puis capturés, ligotés, et ramenés à la ferme. Le propriétaire de cette ferme était un homme puissant et riche; il avait un fils adulte. Ils débattirent alors de la manière de traiter leurs prisonniers. Le fermier disait qu'il pensait que le meilleur conseil était de les tuer les uns après les autres. Son fils dit que l'obscurité de la nuit tombait à présent, et qu'ainsi, il n'y aurait pas de plaisir à les torturer; il proposa de les laisser jusqu'au matin. Ils furent donc jetés dans une pièce et solidement ligotés. Egil fut attaché mains et pieds à un poteau. Ensuite, la salle fut solidement verrouillée, et les Courlandais se retirèrent dans la salle à manger, mangèrent, burent, et étaient joyeux. Egil s’acharna à travailler sur le poteau jusqu’à ce qu’il parvienne à le détacher du sol. Le poteau chuta et Egil s’en libéra avec succès. Il délivra alors ses mains avec ses dents. Une fois ses mains libres, il en fit de même pour les liens de ses pieds. Par la suite, il libéra ses compagnons; une fois tous libre, ils cherchèrent l'endroit le plus plausible pour s'échapper. La pièce était faite de murs de grosses poutres de bois, mais à une extrémité il y avait un cloisonnement lisse. Ils se précipitèrent dessus et l'ont détruit. Ils se sont retrouvés dans une autre pièce; celle-ci aussi avait des murs de grosses poutres de bois. Puis ils entendirent des voix d'hommes en dessous de leurs pieds. En cherchant autour, ils trouvèrent une trappe dans le sol, qu’ils ouvrirent. Il y avait un profond souterrain; en bas, ils entendirent des voix d'hommes. Egil demanda alors qui étaient ces hommes. Celui qui répondit se nommait Aki. Egil lui demanda s'il aimerait monter. Aki répondit qu’ils aimaient beaucoup cette idée. Egil et ses compagnons abaissèrent alors dans le souterrain la corde avec laquelle ils avaient été liés, et en tirèrent trois hommes. Aki dit que ces hommes étaient ses deux fils, et qu’ils étaient des Danois, qui avaient été faits prisonniers de guerre l'été dernier. "J'ai été," dit-il, "bien traité tout l'hiver, et j’avais la responsabilité principale des biens du fermier; mais les garçons étaient esclavisés et avaient une vie dure. Au printemps, nous avons décidé de nous enfuir, mais nous avons été repris. Puis nous avons été jetés dans ce souterrain." "Tu dois connaître toute la disposition de cette maison," dit Egil; "où avons-nous le plus d'espoir de sortir?" Aki dit qu'il y avait une autre cloison en planches: "Détruisez cette cloison, vous arriverez alors dans un grenier à grains, d'où vous pourrez sortir à votre guise." Les hommes d'Egil firent ainsi; ils brisèrent la cloison, entrèrent dans le grenier, et en sortirent. Il faisait un noir d'encre. Alors les compagnons d'Egil dirent qu'ils devraient se hâter vers la forêt. Mais Egil dit à Aki, "Si tu connais cette maison, tu peux nous montrer le chemin vers un butin." Aki dit qu'il n'y avait pas de manque de biens. "Il y a un grand grenier dans lequel le fermier dort; il y a une profusion d'armes."