Puis Thorolf devint si furieux qu'il jeta son bouclier sur son dos et, saisissant sa hallebarde des deux mains, bondit en avant, donnant des coups à droite et à gauche. Les hommes s'écartèrent de lui des deux côtés, mais il en tua beaucoup. Ainsi, il se fraya un chemin jusqu'à l'étendard du comte Hring, et rien ne put alors l'arrêter. Il tua l'homme qui portait l'étendard du comte, et abattit le mât. Puis, il lança sa hallebarde en direction de la poitrine du comte, la traversant à travers la cotte de mailles et le corps, de sorte qu'elle ressortit par les épaules. Il le souleva au-dessus de sa tête sur la hallebarde, et planta l'extrémité inférieure dans le sol. Là, sur l'arme, le comte rendit son dernier souffle sous les yeux de tous, amis comme ennemis. Puis Thorolf dégaina son épée et frappa de chaque côté, ses hommes chargeant aussi. De nombreux Britons et Écossais tombèrent, mais certains se retournèrent et fuirent. Cependant, le comte Adils, voyant la chute de son frère, le massacre de nombreux hommes de son armée et la fuite de certains, tandis qu'il était lui-même en grande difficulté, prit la fuite et courut vers les bois. Lui et son groupe se réfugièrent dans les bois. Toutes les forces qui avaient suivi le comte prirent la fuite. Thorolf et Egil poursuivirent l'ennemi en fuite. Le massacre fut alors grand ; les fugitifs furent dispersés de tous côtés sur la lande. Le comte Adils avait abaissé son étendard, de sorte que personne ne pouvait distinguer son groupe des autres. Peu après, l'obscurité de la nuit commença a tomber. Thorolf et Egil retournèrent à leur camp ; c'est alors que le roi Athelstan arriva avec l'armée principale, ils plantèrent leurs tentes et s'organisèrent. Un peu plus tard arriva le roi Olaf avec son armée ; eux aussi installèrent leur camp et s'organisèrent où leurs hommes avaient précédemment planté leurs tentes. On raconta alors au roi Olaf que ses comtes Hring et Adils étaient tombés, ainsi qu'une multitude de ses hommes. Chapitre 54 - La chute de Thorolf. Le roi Athelstan avait passé la nuit précédente dans la ville mentionnée ci-dessus, et là, il entendit des rumeurs qu'il y avait eu des combats sur la lande. Aussitôt, lui et toute l'armée se préparèrent et marchèrent vers le nord, vers la lande. Là, ils apprirent clairement toutes les nouvelles, comment la bataille s'était déroulée. Puis les frères Thorolf et Egil vinrent à la rencontre du roi. Il les remercia grandement pour leur valeureuse avance et la victoire qu'ils avaient remportée ; il leur promit son amitié sincère. Ils restèrent tous ensemble pour la nuit. Dès l'aube, Athelstan réveilla son armée. Il tint une conférence avec ses capitaines, et leur expliqua comment ses forces devaient être disposées. Il organisa d'abord sa propre division, et à l'avant de celle-ci, il mit les compagnies les plus aguerries. Il dit alors qu'Egil devrait diriger celles-ci : "Mais Thorolf", dit-il, "sera avec ses propres hommes et ceux que j'ajouterai. Cette force s'opposera à cette partie de l'ennemi qui est lâche et désorganisée, car les Écossais sont toujours désordonnés ; ils courent dans tous les sens, et foncent ici et là. Souvent, ils s'avèrent dangereux si on ne fait pas attention, mais ils sont instables sur le terrain si on les affronte avec audace." Egil répondit au roi : "Je ne veux pas que Thorolf et moi soyons séparés dans la bataille ; il me semble plutôt bon que nous deux soyons placés là où il y aura probablement le plus besoin et le combat le plus dur." Thorolf dit : "Laissons le roi décider où il veut nous placer, servons-le comme il le préfère. Je veux bien, si tu le souhaites, échanger ma place avec toi." Egil dit : "Frère, tu auras ta volonté ; mais je regretterai souvent cette séparation.