’Alors dis-leur,’ dit Egil, ’où se trouve l'ours ; mais moi, je vais me hâter de rentrer chez moi.’
Il s'en alla ainsi ; mais le garçon courut vers la ferme, entrant dans la pièce où ils buvaient.
Tous s'étaient endormis sauf ces trois-là, Onund, Frodi et Hadd. Le garçon leur dit où était l'ours
Ils prirent leurs armes qui étaient suspendues près d'eux, et coururent immédiatement à la forêt.
De la forêt principale s'étendait un éperon boisé avec des buissons dispersés. Le garçon leur indiqua où l'ours
avait été dans les buissons. Alors ils virent que les branches bougeaient, d'où ils devinèrent que l'ours
devait être là. Puis Bergonund conseilla à Hadd et Frodi d'avancer entre les arbustes
et la forêt principale, et d'empêcher l'ours d'atteindre le bois. Bergonund s'avança vers les buissons.
Il avait un casque et un bouclier, une épée à sa ceinture, une hallebarde à la main. Egil était là avant lui dans le
buissons, mais sans ours.
Et quand il vit où se trouvait Bergonund, il dégaina son épée, et, prenant le coil de corde
attaché à la garde, il l'enroula autour de son bras, et laissa ainsi pendre l'épée. Dans sa main, il tenait sa
hallebarde, puis il courut à la rencontre de Bergonund. Quand Bergonund le vit, il accéléra son allure
et jeta son bouclier devant lui, et avant qu'ils ne se rencontrent, chacun jeta sa hallebarde sur l'autre.
Egil arrêta la hallebarde avec son bouclier incliné, si bien que la hallebarde se détacha du bouclier
et vola dans le sol. Mais la hallebarde d'Egil arrivait en plein milieu du bouclier, et passait complètement
à travers loin dans la lame, et l'arme était coincée dans le bouclier. Le bouclier d'Onund en devint donc
encombrant. Egil prit alors rapidement la garde de son épée. Onund commença également à tirer son épée ; mais avant
qu'elle ne soit à moitié sortie, Egil le transperça. Onund chancela sous le coup ; Egil arracha alors vivement son épée, et frappa de nouveau Onund, manquant de peu de lui trancher la tête. Puis Egil retira sa hallebarde du bouclier.
Maintenant, Hadd et Frodi virent la chute de Bergonund, et ils coururent là-bas. Egil se retourna pour leur faire face. Il lança sa hallebarde à Frodi, qui, en perçant le bouclier, lui pénétra la poitrine et ressortit par son dos. Il mourut sur le coup. Puis Egil, prenant son épée, se tourna contre Hadd, et ils n'échangèrent que quelques coups avant que Hadd ne tombât. Juste alors, les garçons de la bergerie arrivaient. Egil leur dit : ’Restez ici auprès de votre maître Onund
et de ses amis, afin qu'aucune bête ou oiseau ne vienne déchiqueter leurs corps.’
Egil repartit alors, et avant longtemps, il rencontra onze de ses camarades, qui avaient séjourné pour veiller sur le navire.
Ils lui demandèrent quel avait été son succès. Sur quoi il chanta :
’Longtemps nous avons attendu,
Perdants à cause de celui qui prit
Avec avidité l'or qui autrefois,
Je savais mieux garder:
Jusqu'à ce que maintenant le fléau de Bergonund
Ma lame de blessures l'ait couvert,
Et la terre cachée dans un voile
Du sang de Hadd et de Frodi.’
Puis Egil dit : ’Nous allons maintenant retourner à la ferme, et agir à la manière des guerriers, tuant tous les hommes que nous
pouvons, et prenant tout le butin que nous pouvons obtenir.’