Après cela, Egil monta à bord du bateau. Ils hissèrent les voiles et s'élancèrent en mer. Bientôt, la brise se renforça, et souffla fort dans une bonne direction ; le bateau navigua donc à vive allure. Egil chanta alors :

'Le fléau de la forêt, soufflant furieusement,
Flagelle durement et sans répit
Avec une tempête tranchante le chemin de la mer
Que l'arrière du navire laboure.

Le vent, qui éventre les saules,
Avec une rafale glaciale sans pitié,
Bouscule notre cygne de mer
Par-dessus le beaupré et le bec.'

Leur voyage se passa bien ; ils arrivèrent par la mer dans le Borgar-fjörd, menèrent leur navire dans le havre, transportèrent leurs bagages à terre. Egil rentra alors chez lui à Borg ; tandis que son équipage trouvait un logement. Skallagrim était maintenant vieux et faible à cause de l'âge. Egil prit en charge la gestion de la propriété et le soin de la maison.

Chapitre 61 - La mort de Skallagrim.

Il y avait un homme nommé Thorgeir. Il avait pour épouse Thordis, la fille d'Yngvar et la sœur de la mère d'Egil. Thorgeir habitait à Swan-ness à Lambstead. Il était venu en Islande avec Yngvar. Il était riche et très respecté des hommes. Thorgeir et sa femme avaient un fils, Thord, qui vivait à Lambstead après son père, lorsque Egil revint en Islande.

Il arriva un automne, peu avant l'hiver, que Thord se rendit à Borg pour retrouver son parent Egil ; il l'invita à un banquet. Il avait fait préparer de la bière chez lui. Egil promit de venir, et un jour fut fixé à environ une semaine de là. Quand arriva le moment, Egil se prépara à partir, et avec lui Asgerdr, sa femme ; ils étaient une compagnie de dix ou douze personnes au total.

Mais juste quand Egil était prêt, Skallagrim sortit avec lui et, avant qu'il ne monte à cheval, l'embrassa en disant : 'Il me semble que tu tardes, Egil, à me verser cet argent que le roi Athelstan m'a envoyé. Que comptes-tu faire avec cet argent ?'

Egil répondit : 'Manques-tu d'argent, mon père ? Je ne le savais pas. Je te donnerai de l'argent tout de suite, quand je saurai que tu en as besoin. Mais je sais que tu as encore en ta possession un ou deux coffres remplis d'argent.'

'Je suppose', dit Skallagrim, 'que tu penses que nous avons divisé notre propriété mobile. Tu dois maintenant te contenter si je fais ce que je veux avec l'argent que j'ai en ma possession.'

Egil répondit : 'Tu ne peux pas penser que tu as besoin de me demander la permission à ce sujet ; car tu choisiras de faire à ta guise, quoi que je puisse dire.'