Chapitre 67 - Egil tue Ljot le Pâle.
Dès qu'ils eurent terminé leur mission, Thorstein et Egil se préparèrent pour leur voyage de retour. Une fois passés au sud de Dovre-fell, Egil exprima son désir de se rendre à Raumsdale, puis de continuer son chemin vers le sud en passant par les sons. "Je voudrais", déclara-t-il, "terminer mes affaires à Sogn et à Hordaland, car j'aimerais partir pour l'Islande cet été". Thorstein l'encouragea à planifier son voyage comme il le souhaitait. C'est ainsi que Thorstein et Egil se séparèrent.
Thorstein descendit au sud, à travers les vallées, jusqu'à ses propriétés. Là, il présenta à ses intendants les preuves d'autorité royale, ainsi que le message exigeant qu'ils lui rendent tous les biens qu'ils avaient saisis et que Thorstein réclamait. Personne ne contesta cette demande, et il récupéra donc tous ses biens.
Egil, accompagné de onze autres personnes, se dirigea vers Raumsdale, où ils se procurèrent un moyen de transport qui les mena au sud, à Mæri. Rien d'autre n'est rapporté de leur voyage avant qu'ils n'atteignent une île appelée Hod et passent la nuit à une ferme appelée Bindheim. Il s'agissait d'un domaine prospère où vivait un baron du nom de Fridgeir. Il était jeune et venait d'hériter des biens de son père. Sa mère, Gyda, était la sœur du seigneur Arinbjorn. C'était une femme de caractère et de fortune, qui gérait le domaine pour son fils Fridgeir. Ils vivaient dans une grande opulence. C'est là qu'Egil et ses compagnons furent accueillis chaleureusement. Le soir, Egil se plaçât à côté de Fridgeir et ses camarades à l'extérieur. De copieuses boissons et mets succulents furent servis. La maîtresse du domaine, Gyda, engagea la conversation avec Egil pour s'enquérir des nouvelles d'Arinbjorn, son frère, et d'autres membres de sa famille et amis qui étaient partis en Angleterre avec lui. Egil répondit à ses questions. Elle interrogea également Egil sur les aventures qu'il avait vécues lors de son voyage. Il lui raconta tout sans détour. Puis il entonna une chanson :
'Un roi me lança un regard terrible,
Empli de colère féroce.
Mais le coucou ne faiblit ni ne flanche,
Face au vautour qui déploie ses ailes.
De la part d'Arinbjorn j'ai obtenu
Une aide précieuse, et la paix que je désirais.
L'homme qui a de vrais amis
Ne trébuche pas en chemin.'
Egil était très gai ce soir-là, mais Fridgeir et sa maisonnée étaient plutôt silencieux. Egil y aperçut une jeune fille magnifique et bien habillée ; on lui dit qu'il s'agissait de la sœur de Fridgeir. La jeune fille paraissait triste et pleura durant toute la soirée, ce qu'ils trouvèrent étrange. Ils passèrent la nuit là, mais le lendemain matin le vent soufflait fort, rendant impossible toute navigation. Ils devaient utiliser un bateau pour quitter l'île. Alors Fridgeir, accompagné de Gyda, proposa à Egil de rester avec eux jusqu'à ce que le temps soit propice pour voyager, et d'accepter l'aide dont ils avaient besoin pour leur voyage. Egil accepta leur proposition. Ils restèrent donc sur place, retenus par le mauvais temps pendant trois nuits, durant lesquelles ils furent reçus avec une hospitalité sans pareille. Puis le temps se mit au calme.