LES ÉTHIOPIENNES. LIVRE HUITIÈME. SOMMAIRE. Instruit par Achémènes de la passion d'Arsace, Oroondates envoie Bagoas pour lui amener Théagènes et Chariclée. Thyamis va au palais réclamer Théagènes et Chariclée. Il est renvoyé avec menaces. Cybèle essaie vainement de séduire Théagènes. Constance de Théagènes. Douleur de Chariclée. Cybèle veut l'empoisonner. Mort de Cybèle. Chariclée accusée, condamnée, échappée aux flammes, reconduite en prison. Entretien de Théagènes et de Chariclée dans la prison. Bagoas arrive à Memphis, et emmène Théagènes et Chariclée. Mort d'Arsace. Bagoas pris par les Ethiopiens avec les deux amans. Le roi d'Ethiopie avoit prévenu Oroondates, et s'étoit emparé de Philes, ville sans défense, et une des causes de cette guerre. Le Satrape étoit dans un embarras extrême, obligé de se mettre en campagne à la hâte et sans avoir eu le tems de faire ses préparatifs. La ville de Philes est située sur les bords du Nil, au-dessus des petites cataractes: elle est éloignée d'environ cent stades, (environ trois lieues trois quarts) de Syène et de l'Eléphantide. Des exilés Egyptiens s'en étoient autrefois emparés et s'y étoient établis. Les Egyptiens et les Ethiopiens s'en disputoient la possession. Ceux-ci vouloient que les cataractes servissent de limites aux deux empires; mais les Egyptiens prétendoient encore que Philes leur appartenoit par droit de conquête, ayant eu pour premiers habitans des exilés d'Egypte. Ouverte de tous côtés et sans défense, cette ville recevoit le premier venu, et se soumettoit toujours au plus fort: elle avoit une garnison composée de Perses et d'Egyptiens. Le roi d'Ethiopie avoit envoyé des ambassadeurs à Oroondates pour redemander cette ville et les mines de diamans. Il y avoit long-tems qu'il les avoit redemandées au Satrape pour la première fois, sans avoir pu les obtenir. Il lui avoit encore tout récemment envoyé des ambassadeurs. Quelques jours après leur départ, il s'étoit mis en campagne à la tête d'une armée puissante, sans faire part de ses projets à personne, et feignant de marcher contre un autre ennemi. Lorqu'il crut ses députés au-delà de Philes, dont ils avoient trompé les habitans et la garnison, qu'ils avoient laissés dans la plus grande sécurité, en leur disant qu'ils alloient traiter de la paix, il se présenta tout-à-coup à ses portes en personne, en chassa la garnison, qui, cédant au nombre des ennemis et à la vigueur des attaques, ne résista que trois jours. Il se rendit ainsi maître de Philes, et ne fit aucun mal aux habitans. Oroondates avoit appris cet échec par les fuyards, et il se trouvoit dans un grand embarras, lorsque l'arrivée subite et imprévue d'Achémènes vint encore redoubler ses