leurs projets; mais qu'ils conjecturent qu'ils sont partis à Eléphantine; que la plus grande partie des forces d'Oroondates y est rassemblée; que ce général met toutes ses espérances dans cette armée, et sur-tout dans ses cavaliers, bardés de fer. Ils prient en même-tems Hydaspe d'entrer dans une ville qui lui appartient désormais, et d'appaiser sa colère. Le roi ne croit pas devoir entrer, pour le moment, dans Syène. Il y envoie deux corps d'Oplites, pour s'assurer s'il n'y a pas quelque embuscade, et pour la garder, s'ils n'y trouvent point d'ennemis. Il renvoie les habitans avec les meilleures espérances: il range ensuite son armée en bataille, pour recevoir les Perses, ou aller au-devant d'eux, s'ils tardent à arriver. Toutes ses dispositions n'étoient pas encore faites, que ses coureurs viennent lui annoncer que les Perses paroissent en bon ordre. Oroondates avoit fixé à Eléphantine le lieu de rassemblement de ses guerriers. A la nouvelle de l'arrivée subite des Ethiopiens, il avoit été contraint de s'enfermer, avec un petit nombre de troupes, dans Syène. Environné de toutes parts de retranchemens, il avoit demandé et obtenu la vie, et s'étoit rendu coupable de la perfidie la plus noire envers Hydaspe. Il avoit engagé les Ethiopiens à emmener avec eux deux Perses, sous prétexte de les envoyer à Eléphantine consulter ceux qui y étoient, et leur demander à quelles conditions il devoit traiter avec l'ennemi, mais en effet pour les prévenir de se tenir prêts à combattre, lorsqu'il se seroit échappé de Syène. Sa perfidie lui avoit réussi. Il avoit trouvé ses troupes en état de marcher, s'étoit mis à leur tête, et s'avançoit à grandes journées, dans l'espérance de surprendre l'ennemi. Déjà il se montroit, donnant par- tout ses ordres, brillant de l'appareil et du faste persan. Ses armes, enrichies d'argent et d'or, étincellent au loin. Le soleil ne faisoit que de paroître, et ses rayons naissans, tombant sur le visage des Perses, de leurs armes jaillissoient des éclairs qui faisoient de la plaine un océan de lumière. A l'aile gauche sont les Mèdes et les Perses de nation: devant sont rangés les Oplites; ensuite viennent les archers et les frondeurs, qui, n'étant pas couverts d'une armure complète, doivent être défendus par les Oplites pendant qu'ils lanceront leurs traits[63]. Les Egyptiens et les Lybiens sont à l'aile gauche, avec toutes les troupes étrangères; ils ont aussi avec eux des frondeurs, qui doivent se répandre ça et là, et attaquer l'ennemi en flanc. Le Satrape s'est placé au centre, monté sur un char armé de faulx; à sa droite et à sa gauche est sa phalange, pour le défendre: devant lui sont ses cavaliers caparaçonnés: c'est sur eux, sur-tout, qu'il fonde l'espérance de la victoire. Cette phalange est composée des guerriers les plus braves de la Perse; c'est un rempart impénétrable à tous les efforts de l'ennemi; voici quelles sont ses armes: Les guerriers, tous d'élite, tous robustes et vigoureux, couvrent leur tête d'un casque d'une seule pièce, bien fait, qui, connue un masque, représente tous les traits de la figure humaine. Depuis le haut de la tête jusqu'au col, il enveloppe tout, excepté les yeux, dont il laisse le libre usage. Une javeline, plus longue qu'une lance, est dans leur main droite; de la gauche, ils tiennent les rênes de leurs coursiers: à leur côté est un cimeterre. Non-seulement leur poitrine, mais encore le reste de leur corps est cuirassé. Je vais décrire la structure de cette cuirasse.