Bagoas dévisage attentivement les deux prisonniers. Malgré leur épuisement dû aux tortures, leurs traits majestueux et magnifiques attirent son attention. Croyant que leur fin est proche, que Bagoas est venu pour les séparer à tout jamais afin de les guider vers leur fin tragique, ils ressentent une certaine anxiété. Cependant, l'inquiétude fait rapidement place à la sérénité, voire même à une sorte de gaieté qui s'empare de leur visage. Lorsque Bagoas s'approche pour délivrer leurs chaînes des fragments de bois qui les retiennent, Théagènes s'exclame, accusant Arsace d'enterrer ses péchés dans l'obscurité de la nuit. Mais l'œil de la justice est perçant, éclairant et révélant les secrets les plus enfouis. Il enjoint de mourir ensemble, par le même moyen. Chariclée répète la même requête. Les paroles du duo touchent les eunuques qui, en versant des larmes, les font sortir de prison avec leurs chaînes. Ils quittent le palais et partent loin d'Euphrates. Bagoas retire leurs fers, ne laissant que les chaînes nécessaires pour rassurer leur captivité sans les gêner. Montés chacun à cheval, ils sont placés au milieu de la troupe qui s'élance au galop vers Thèbes. Ils continuent ainsi leur route épuisante pour le reste de la nuit et le lendemain jusqu'à la troisième heure sans aucun repos. Finalement, épuisés par la chaleur intense du fort de l'été égyptien et la fatigue de Chariclée, ils marquent une pause pour se reposer. Sur la rive du Nil, une élévation force les flots à former un demi-cercle. Ce lieu verdoyant, riche en pâturages pour le bétail et ombragé par des sycomores et divers arbres locaux, offre un répit bienvenu. C'est sur ce site que Bagoas et sa troupe s'arrêtent pour se abriter de la chaleur du soleil. Les prisonniers sont nourris, leur refus initial se transformant en acceptation malgré leur réticence. Conscients qu'ils se dirigent vers la mort, ils voient peu d'utilité à prolonger leur existence. Cependant, Bagoas les rassure, leur indiquant qu'ils sont conduits non à leur fin, mais à Oroondates. Alors que la chaleur décline et que le soleil doucement descend dans le ciel, un étranger arrive à cheval, essoufflé, son cheval ruisselant de sueur. Bagoas parle seul à l'homme avant de réfléchir aux nouvelles qu'il a apportées. En prenant la parole, il inspire de l'espoir aux prisonniers, annonçant la mort d'Arsace, qui s'est volontairement oté la vie à la nouvelle de leur départ. La mort l'attendait de toute façon, soit de la part d'Oroondates, soit du roi. Elle n'aurait pu échapper à leur vengeance, soit par la lame soit par un opprobre éternel. Inspirés par les nouvelles d'Euphrates, délivrées de la bouche du cavalier, les prisonniers se sentent désormais plus rassurés. Leur ennemie était morte, ils étaient innocents.