LIVRE IX. RÉSUMÉ. Syène est assiégée. Théagènes et Chariclée sont amenés devant Hydaspe. Syène se soumet. Fêtes du Nil. Tromperie d'Oroondates. Il se dirige vers Eléphantine, à la tête de ses forces. Affolement des habitants de Syène. Combat entre Perses et Éthiopiens. Oroondates est vaincu et capturé. Hydaspe prend Syène. Il distribue le butin à ses soldats. Bagoas est chargé de la garde de Théagènes et Chariclée. Hydaspe fait un rêve. Il traite Oroondates avec bienveillance. La ville de Syène, encerclée de tous côtés par les troupes éthiopiennes, semblait prise dans un étau. Oroondates, ayant appris leur avancée, leur passage des cataractes, et leur marche en direction de Syène, n'avait eu que le temps de se réfugier dans la ville. Il y avait fait fermer les portes, fortifier les remparts, armer les défenseurs de flèches et d'engins de guerre, et attendait les événements. Le roi d'Éthiopie, Hydaspe, avait été informé par ses espions que les Perses étaient encore loin de Syène. Il s'était alors mis en route pour engager la bataille avant qu'ils n'y arrivent. Mais n'ayant pu les atteindre, il s'était replié sur la ville, l'avait encerclée et s'était tenu en retrait, déployant aux yeux des ennemis une multitude innombrable d'hommes, de chevaux, d'armes qui couvraient les plaines environnantes. C'est là que ses éclaireurs le trouvèrent, lorsqu'ils lui amenèrent les prisonniers qu'ils avaient capturés. Leur vue enchanta particulièrement le prince ; et, par un doux pressentiment, il sembla s'intéresser à ces jeunes gens qu'il ne reconnaissait pas encore comme ses enfants. Il tira un bon augure de cet événement. Eh bien, dit-il, si l'on en juge par le début de cette guerre, les dieux nous livrent les ennemis enchaînés ; comme ce sont les premiers qui tombent entre nos mains, il faut les garder pour les sacrifier selon les rituels de notre nation : leur sang sera versé sur les autels de nos divinités, les protectrices de l'Éthiopie. Il récompensa ensuite généreusement ses guerriers, les envoya rejoindre ceux qui gardaient les bagages de l'armée, avec leurs captifs. Il leur attribua certains interprètes qui parlaient leur langue ; il leur demanda d'en prendre grand soin, de ne rien négliger pour leur bien-être, de veiller à ce qu'ils restent purs, de les nourrir comme des victimes vouées aux dieux. Il ordonna en outre de remplacer leurs chaînes par d'autres d'or ; car chez les Éthiopiens, l'or est utilisé de la même manière que le fer chez les autres peuples. Ses ordres furent exécutés. Alors que l'on ôtait à Chariclée et Théagènes leurs chaînes de fer, ils nourrirent quelques espoirs de liberté, qui s'évanouirent aussitôt, en voyant qu'on les remplaçait par des chaînes de métal précieux. Ah, quelle belle amélioration, dit Théagènes en se moquant.