» Voilà vraiment un beau commencement et qui puisse faire espérer que tu sois près d’égaler un Alexandre, un Jules, un Scipion ! Qui aurait pu, hélas ! croire jamais cela de toi, que tu te serais fait l’esclave d’Alcine ! Et pour qu’à chacun cela soit plus manifeste, au cou et aux bras tu portes sa chaîne par la- quelle elle te mène après elle à sa fantaisie. » Si tu es insensible à ta propre gloire et aux œuvres subli- mes pour lesquelles le ciel t’a choisi, pourquoi priver ta postérité des biens que je t’ai mille fois prédits ? Hélas ! pourquoi tiens-tu éternellement fermé le sein que le ciel a désigné pour concevoir de toi la race glorieuse et surhumaine qui doit jeter sur le monde plus d’éclat que le soleil ? » Ah ! n’empêche pas les plus nobles âmes, déjà formées dans la pensée éternelle, de venir en leur temps vivifier ces corps qui, de toi, doivent prendre leur racine ! Ah ! ne sois point un obstacle aux mille triomphes par lesquels, après d’âpres fati- gues et de cruelles atteintes, tes fils, tes neveux et tes descen- dants rendront à l’Italie son antique honneur ! » Et pour t’amener à cela, il n’est pas besoin de rappeler que tant et tant d’âmes belles, remarquables, illustres, invinci- bles et saintes doivent fleurir sur ta tige féconde ; il devrait te suffire de songer à un seul couple, à Hippolyte et à son frère, car jusqu’à présent le monde en a vu peu de pareils, dans toutes les positions où l’on s’élève par la vertu. » J’avais l’habitude de te parler d’eux plus que de tous les autres ensemble, parce que, plus que tous ceux de ta race, ils seront doués des vertus suprêmes, et qu’en te parlant d’eux, je voyais que tu leur donnais plus d’attention qu’aux autres, et que tu te réjouissais de ce que de si illustres héros devaient être tes neveux. – 132 –