jourd’hui si vieux, il aurait pris lui-même le commandement de ses troupes. Une semblable raison ne lui paraîtrait pas toutefois suffi- sante pour le faire rester chez lui, s’il n’avait son fils, à qui il donnerait le commandement, comme au plus digne pour la vi- gueur et l’habileté. Bien qu’il ne se trouvât pas alors dans le royaume, il espérait qu’il serait revenu avant que les troupes fussent réunies. Dans tous les cas, une fois l’armée prête, il sau- rait bien trouver son fils. Puis il envoya dans tous ses États ses trésoriers pour lever des cavaliers et des gens de guerre, et fit approvisionner ses vaisseaux de munitions, de vivres, et d’argent. Pendant ce temps, Renaud passa en Angleterre, et le roi l’accompagna cour- toisement à son départ jusqu’à Berwick, et on le vit pleurer quand il le quitta. Ayant le vent favorable en poupe, Renaud s’embarqua après avoir dit adieu à tous. Le pilote démarra les câbles pour le voyage, et l’on fit voile jusqu’à ce qu’on fût arrivé à l’endroit où le beau fleuve de la Tamise voit ses eaux devenir amères au contact des flots salés. Poussés par le grand flux de la mer, les navigateurs s’avancèrent par un chemin sûr, à la voile et à la rame, jusqu’à Londres. Renaud avait reçu de Charles et du roi Othon, assiégé avec Charles dans Paris, des lettres authentiques, contresignées du sceau de l’État, pour être remises au prince de Galles. Ces lettres portaient que tout ce qu’on pourrait lever dans le pays de fan- tassins et de cavaliers devait être dirigé sur Calais, pour porter secours à la France et à Charles. Le prince dont je parle, et qui occupait, en l’absence d’Othon, le siège royal, rendit à Renaud fils d’Aymon de tels honneurs, qu’il n’en aurait pas fait autant pour son roi. Pour – 142 –