soit qu’il lui eût déplu de l’entendre blâmer et menacer. À peine le jour se fut-il obscurci, que dédaignant de rester davantage, il sortit du camp sans rien dire à Fleur-de-Lys, de peur qu’elle ne s’opposât à son dessein. Celle-ci était une dame qu’il chérissait beaucoup, et dont on aurait difficilement trouvé la pareille ; charmante de maniè- res, de grâce et de visage, elle était douée de prudence et de sa- gesse. S’il était parti sans son assentiment, c’est parce qu’il espé- rait revenir près d’elle le jour même. Mais il lui arriva des aven- tures qui le retardèrent dans ses projets. Lorsque Fleur-de-Lys eut attendu en vain pendant un mois, et qu’elle ne l’eut pas vu revenir, elle fut tellement saisie du désir de le revoir, qu’elle partit sans escorte et sans guide. Elle le chercha dans beaucoup de pays, comme cette histoire le dira en son lieu. Sur tous les deux, je ne vous en dis pas mainte- nant davantage, car il m’importe beaucoup plus de m’occuper du chevalier d’Anglante. Celui-ci, après qu’il eut changé les glorieux insignes d’Almont contre d’autres armes, alla vers la porte, et dit à l’oreille du capitaine qui commandait le poste de garde : « Je suis le comte. » Et s’étant fait abaisser le pont, par la route qui menait au camp des ennemis, il prit droit son chemin. Ce qui suivit est raconté dans l’autre chant. – 155 –