Chant IX ARGUMENT. – Roland ayant appris la coutume cruelle in- troduite dans l’île d’Ébude, soupçonne qu’Angélique y est en dan- ger, et il se propose d’y aller ; mais auparavant, il secourt Olympie, comtesse de Hollande et femme du duc Birène, poursuivie par le roi Cimosque. Il défait complètement ce roi, et remet Olympie en pos- session de ses États et de son mari. Que ne peut-il pas faire d’un cœur qui lui est assujetti, ce cruel et traître Amour, puisqu’il a pu enlever du cœur de Roland la grande fidélité qu’il devait à son prince ? Jusqu’ici, Roland s’est montré sage et tout à fait digne de respect, et défenseur de la Sainte Église. Maintenant, pour un vain amour, il a peu souci de son oncle et de lui-même, et encore moins de Dieu. Mais moi je ne l’excuse que trop, et je me félicite d’avoir un tel compagnon de ma faiblesse ; car moi aussi, je suis languis- sant et débile pour le bien, et sain et vaillant pour le mal. Ro- land s’en va entièrement recouvert d’une armure noire, sans regret d’abandonner tant d’amis, et il arrive à l’endroit où les gens d’Afrique et d’Espagne, avaient leurs tentes dressées dans la campagne. Quand je dis leurs tentes, je me trompe, car sous les arbres et sous des restants de toits, la pluie les a dispersés par groupes de dix, de vingt, de quatre, de six, ou de huit, les uns au loin, les autres plus près. Tous dorment, fatigués et rompus ; ceux-ci étendus à terre, ceux-là la tête appuyée sur leur main. Ils dor- ment, et le comte aurait pu en tuer un grand nombre ; pourtant il ne tira pas Durandal. – 156 –