de ne pas en épouser un autre jusqu’à ce qu’il fût revenu d’Espagne, » Je répondis que j’aimerais mieux souffrir mille maux, être mise à mort, brûlée vive et que ma cendre fût jetée au vent, avant de consentir à faire cela. Mes sujets essayèrent de me dé- tourner de cette résolution ; ils me prièrent ; ils me menacèrent de me livrer, moi et mes domaines, plutôt que de se laisser op- primer à cause de mon obstination. » Aussi, voyant que leurs protestations et leurs prières étaient vaines, et que je persistais dans mon refus, ils entrèrent en accord avec le Frison et, comme ils l’avaient dit, ils me livrè- rent à lui, moi et ma ville. Le roi de Frise, sans me faire subir aucun mauvais traitement, m’assura qu’il me conserverait la vie, si je voulais consentir à ses anciens projets et devenir la femme de son fils Arbant. » Me voyant ainsi forcée, je voulus, pour m’échapper de leurs mains, perdre la vie ; mais mourir sans me venger m’eût semblé plus douloureux que tous les maux que j’avais déjà souf- ferts. Après avoir beaucoup réfléchi, je compris que la dissimu- lation pouvait seule servir ma vengeance. Je feignis de désirer que le roi me pardonnât et fît de moi sa belle-fille. » Parmi tous ceux qui avaient été jadis au service de mon père, je choisis deux frères doués d’une grande intelligence et d’un grand courage. Ils étaient encore plus fidèles, ayant grandi à la cour et ayant été élevés avec nous dès leur première jeu- nesse. Ils m’étaient si dévoués, que leur vie leur paraissait peu de chose pour me sauver. » Je leur fis part de mon dessein, et ils me promirent de m’aider. L’un d’eux alla en Flandre pour y appareiller un na- vire ; l’autre resta en Hollande avec moi. Or, pendant que les étrangers et les habitants du royaume se préparaient à célébrer – 163 –