Birène prisonnier. Je ne veux pas, moi morte, qu’il soit ensuite mis à mort. » J’ai prié chaque guerrier que j’ai vu, de m’accompagner quand j’irai me remettre entre les mains du roi de Frise. Mais auparavant j’ai exigé qu’il me promît, qu’il me donnât sa foi de faire exécuter l’échange, de façon que, moi livrée, Birène sera à l’instant mis en liberté. De la sorte, quand je serai conduite au supplice, je mourrai contente, certaine que ma mort aura donné la vie à mon époux. » Jusqu’à ce jour, je n’ai trouvé personne qui veuille m’assurer sur sa foi qu’une fois que je serai au pouvoir du roi, celui-ci remettra Birène en échange, et que je ne me serai pas livrée en vain, tellement chacun redoute cette arme, cette arme contre laquelle il n’est pas, dit-on, de cuirasse qui puisse résis- ter, si épaisse qu’elle soit. » Mais si chez vous le courage répond à la fière prestance et à l’aspect herculéen, si vous croyez pouvoir m’arracher à Cimos- que dans le cas ou il manquerait à sa promesse, consentez à m’accompagner lorsque j’irai me remettre en ses mains. Si vous êtes avec moi, je ne craindrai plus qu’une fois que je serai morte, mon seigneur meure aussi. » Ici la damoiselle termina son récit qu’elle avait interrompu souvent par ses larmes et ses soupirs. Dès qu’elle eut fermé la bouche, Roland, qui n’hésita jamais à faire le bien, ne se répan- dit pas en vaines paroles, car, de sa nature, il n’en abusait pas. Mais il lui promit et lui donna sa foi qu’il ferait plus qu’elle ne lui avait demandé. Son intention n’est pas qu’elle aille se remettre aux mains de son ennemi pour sauver Birène. Il les sauvera bien tous deux, si son épée et sa valeur habituelle ne lui font point défaut. Le jour même, ils se mettent en route, profitant du vent doux et – 167 –