favorable. Le paladin presse le départ, car il désirait se rendre ensuite le plus tôt possible à l’île du monstre. L’habile pilote dirige sa voile d’un côté et d’autre, à travers les étangs profonds ; il longe successivement toutes les îles de la Zélande, découvrant l’une à mesure qu’on dépasse l’autre. Le troisième jour, Roland descend en Hollande ; mais il ne laisse pas venir avec lui celle qui est en guerre avec le roi de Frise ; Roland veut qu’elle apprenne la mort de ce tyran avant de des- cendre. Couvert de ses armes, le paladin s’avance le long du rivage, monté sur un coursier au pelage gris et noir, nourri en Flandre et né en Danemark, et fort et robuste encore plus que rapide. Car, avant de s’embarquer, il avait laissé en Bretagne son des- trier, ce Bride d’or si beau et si vaillant, qui n’avait pas d’égal, si ce n’est Bayard. Roland arrive à Dordrecht, et là il trouve la porte gardée par une nombreuse troupe de gens en armes, ainsi qu’on fait toujours pour maintenir une ville suspecte, et surtout quand elle est nouvellement conquise. On venait du reste de recevoir la nouvelle qu’un cousin du prisonnier accourait de Zélande avec une flotte et une armée. Roland prie un des gardes d’aller dire au roi qu’un cheva- lier errant désire se mesurer avec lui à la lance et à l’épée ; mais qu’il veut qu’entre eux un pacte soit auparavant conclu : si le roi renverse celui qui l’a défié, on lui livrera la dame qui a tué Ar- bant, car le chevalier la tient à sa disposition dans un endroit peu éloigné, de manière à pouvoir la lui livrer. En revanche, il veut que le roi promette, s’il est vaincu dans le combat, de mettre immédiatement Birène en liberté et de le laisser aller où il voudra. Le soldat remplit en toute hâte son ambassade, mais le roi, qui ne connut jamais ni courage ni cour- – 168 –