toyable et rapace. Roland s’interpose en ami entre les deux par- tis, et rétablit la paix entre eux. Les deux troupes réunies ne laissèrent pas un Frison sans le tuer ou le faire prisonnier. On jette à terre les portes des prisons, sans prendre la peine de chercher les clefs. Birène fait voir au comte, par ses paroles de gratitude, qu’il connaît quelle obligation il lui a. Puis, ils vont ensemble, accompagnés d’une foule nombreuse, vers le navire où attend Olympie. Ainsi s’appelait la dame à qui, comme de droit, la souveraineté de l’île était rendue. Celle-ci avait amené Roland sans penser qu’il ferait tant pour elle ; il lui paraissait suffisant qu’il sauvât son époux, en l’abandonnant elle seule au péril. Elle le révère et l’honore, et tout le peuple avec elle. Il serait trop long de raconter les cares- ses que lui prodigue Birène, et celles qu’elle lui rend, ainsi que les remerciements que tous deux adressent au comte. Le peuple remet la damoiselle en possession du trône pa- ternel, et lui jure fidélité. Après s’être unie à Birène d’une chaîne qu’Amour doit rendre éternelle, elle lui donne le gouvernement de l’État et d’elle-même. Et celui-ci confie le commandement des forteresses et des domaines de l’île à son cousin. Car il avait résolu de retourner en Zélande et d’emmener sa fidèle épouse avec lui, prétendant qu’il voulait tenter la conquête de la Frise, et qu’il avait un gage de succès qu’il appré- ciait fort, à savoir la fille du roi Cimosque, trouvée parmi les nombreux prisonniers qu’on avait faits. Il prétendit aussi qu’il voulait la donner pour femme à son frère encore mineur. Le sénateur romain partit le même jour que Birène mit à la voile ; et il ne voulut emporter de tant de dépouilles gagnées par lui rien autre chose que cet instrument qui, comme nous l’avons dit, produisait tous les effets de la fou- dre. – 173 –