belle ; mais qu’il aurait dû, plutôt que de la laisser, renoncer à la clarté du jour, à l’ouïe, au goût, à la parole, à la vie, à la gloire, et à tout ce qu’on peut dire ou imaginer de plus précieux. Si Birène l’aima comme elle avait aimé Birène ; s’il lui fut fidèle comme elle le lui avait été ; si jamais il tourna sa voile pour suivre une autre voie que la sienne ; ou bien s’il paya tant de services par son ingratitude, et s’il fut cruel pour celle qui lui avait montré tant de fidélité, tant d’amour, je vais vous le dire et vous faire, d’étonnement, serrer les lèvres et froncer les sourcils. Et quand vous aura été dévoilée l’impitoyable cruauté dont il paya tant de bontés, ô femmes, aucune de vous ne saura plus si elle doit ajouter foi aux paroles d’un amant. L’amant, pour avoir ce qu’il désire, sans songer que Dieu voit et entend tout, entasse les promesses et les serments, qui tous se dispersent ensuite par les airs au gré des vents. Les serments et les promesses s’en vont dans les airs, em- portés et dispersés par les vents, dès que ces amants ont assouvi la soif qui les embrasait et les brûlait. Soyez, par cet exemple, moins faciles à croire à leurs prières et à leurs plaintes. Bien avisé et heureux, ô mes chères dames, celui qui apprend à être prudent aux dépens d’autrui. Gardez-vous de ceux qui portent sur leur frais visage la fleur des belles années ; car, chez eux, tout désir naît et meurt promptement, semblable à un feu de paille. De même que le chasseur suit le lièvre, par le froid, par le chaud, sur la monta- gne, dans la plaine, et n’en fait plus le moindre cas dès qu’il l’a pris, s’acharnant seulement à poursuivre ce qui le fuit ; Ainsi font ces jeunes gens qui, tant que vous vous montrez dures et hautaines envers eux, vous aiment et vous révèrent avec tout l’empressement que doit avoir l’esclave fidèle. Mais, aussitôt qu’ils pourront se vanter de la victoire, de maîtresses il – 177 –