façon à paraître non pas aimer, mais adorer Olympie, et à vou- loir seulement ce qui pouvait lui faire plaisir. Et s’il caressait la jeune fille, – et il ne pouvait se tenir de la caresser plus qu’il n’aurait dû, – personne ne l’interprétait à mal, mais bien plutôt comme un témoignage de pitié et de bon- té. Car relever celui que la Fortune a précipité dans l’abîme, et consoler le malheureux, n’a jamais été blâmé, mais a souvent passé pour un titre de gloire, surtout quand il s’agit d’une en- fant, d’une innocente. Ô souverain Dieu, comme les jugements humains sont par- fois obscurcis par un nuage sombre ! Les procédés de Birène, impies et déshonnêtes, passèrent pour de la pitié et de la bonté. Déjà les mariniers avaient pris les rames en main, et, quittant le rivage sûr, emportaient joyeux vers la Zélande, à travers les étangs aux eaux salées, le duc et ses compagnons. Déjà ils avaient laissé derrière eux et perdu de vue les riva- ges de la Hollande – car, afin de ne pas aborder en Frise, ils s’étaient tenus sur la gauche, du côté de l’Écosse – lorsqu’ils furent surpris par un coup de vent qui, pendant trois jours, les fit errer en pleine mer. Le troisième jour, à l’approche du soir, ils furent poussés sur une île inculte et déserte. Dès qu’ils se furent abrités dans une petite anse, Olympie vint à terre. Contente, heureuse et loin de tout soupçon, elle soupa en compagnie de l’infidèle Birène ; puis, sous une tente qui leur avait été dressée dans un lieu agréable, elle se mit au lit avec lui. Tous leurs autres compagnons retournèrent sur le vais- seau pour s’y reposer. La fatigue de la mer, et la peur qui l’avait tenue éveillée pendant plusieurs jours, le bonheur de se retrouver en sûreté sur le rivage, loin de toute rumeur, dans une solitude où nulle pensée, nul souci, puisqu’elle avait son amant avec elle, ne ve- – 179 –