nait la tourmenter, plongèrent Olympie dans un sommeil si pro- fond, que les ours et les loirs n’en subissent pas de plus grand. Son infidèle amant, que la tromperie qu’il médite tient éveillé, la sent à peine endormie, qu’il sort doucement du lit, fait un paquet de ses habits et, sans plus se vêtir, abandonne la tente. Comme s’il lui était poussé des ailes, il vole vers ses gens, les réveille, et sans leur permettre de pousser un cri, leur fait gagner le large et abandonner le rivage. Ils laissent derrière eux la plage et la malheureuse Olym- pie, qui dormit sans se réveiller jusqu’à ce que l’aurore eût laissé tomber de son char d’or une froide rosée sur la terre, et que les alcyons eussent pleuré sur les ondes leur antique infortune. Alors, à moitié éveillée, à moitié endormie, elle étend la main pour embrasser Birène, mais en vain. Elle ne trouve personne. Elle retire sa main, l’avance de nouveau et ne trouve encore personne. Elle jette un bras par-ci, un bras par-là, étend les jambes l’une après l’autre sans plus de succès. La crainte chasse le sommeil ; elle ouvre les yeux et re- garde : elle ne voit personne. Sans réchauffer, sans couver plus longtemps la place vide, elle se jette hors du lit et sort de la tente en toute hâte. Elle court à la mer, se déchirant la figure, désormais cer- taine de son malheur. Elle s’arrache les cheveux, elle se frappe le sein et regarde, à la lumière resplendissante de la lune, si elle peut apercevoir autre chose que le rivage. Elle appelle Birène, et au nom de Birène, les antres seuls répondent, émus qu’ils sont de pitié. Sur le bord extrême du rivage, se dressait un rocher que les eaux avaient, par leurs assauts répétés, creusé et percé en forme d’arche, et qui surplombait sur la mer. Olympie y monta préci- – 180 –