vermeilles et blanches de ses joues ; dès que le trait est trempé, il le décoche avec force contre le jeune Obert que ne peuvent défendre l’écu ni la cotte de mailles, ni la cuirasse de fer. Pen- dant qu’il regarde les yeux et la chevelure d’Olympie, il se sent blessé au cœur, et il ne sait comment. La beauté d’Olympie était des plus rares. Elle n’avait pas seulement remarquables le front, les yeux, les joues, les che- veux, la bouche, le nez, les épaules et la gorge ; mais au-dessous des seins, les parties du corps qui d’habitude étaient cachées par les vêtements, étaient si parfaites, qu’elles l’emportaient sur tout au monde. Elles surpassaient en blancheur la neige immaculée et étaient au toucher plus douces que l’ivoire. Les seins arrondis ressemblaient au lait qui s’échappe des corbeilles de jonc. Au milieu, descendait un étroit espace, pareil aux nombreuses val- lées que l’on voit se former entre les collines, quand la douce saison fait fondre les neiges amoncelées par l’hiver. Les flancs élancés, les belles hanches, le ventre plus poli et plus net qu’un miroir, paraissaient, de même que les cuisses blanches, sculptés par Phidias ou par une main plus experte encore. Dois-je aussi parler de ces parties qu’elle s’efforçait en vain de cacher ? Je dirai, en somme, qu’en elle, de la tête aux pieds, se voyait autant de beauté qu’il en peut exister. Si, dans les vallées de l’Ida, elle eût été vue par le berger phrygien, je ne sais trop si Vénus, bien qu’elle eût vaincu les au- tres déesses, aurait remporté le prix de beauté. Pâris ne serait point allé dans les pays d’Amiclée violer l’hospitalité sainte, mais il aurait dit : Hélène, reste avec Ménélas, car je n’en veux pas d’autre que celle-ci. Et si elle avait été à Crotone, lorsque Zeuxis, voulant exécu- ter le tableau destiné au temple de Junon, fit poser nues tant de – 214 –