belles auxquelles il fut obligé, pour obtenir la perfection, de co- pier à chacune une partie du corps, il n’aurait pas eu besoin d’avoir recours à d’autres qu’à Olympie, car toutes les beautés étaient réunies en elle. Je ne crois pas que jamais Birène eût vu ce beau corps dans sa nudité, car je suis certain qu’il n’aurait pas eu le courage de l’abandonner dans l’île déserte. Obert s’en enflamme, et j’en conclus que le feu ne peut rester couvert. Il s’efforce de la conso- ler et de lui donner l’espoir qu’un grand bien sortira du malheur qui l’accable en ce moment. Et il lui promet d’aller avec elle en Hollande, et de ne se point reposer qu’il ne l’ait rétablie dans ses États, et qu’il n’ait tiré une juste vengeance du parjure et du traître. Il y emploiera toutes les forces dont peut disposer l’Irlande, et il se mettra à l’œuvre le plus promptement possible. En attendant, il fait cher- cher parmi les maisons à demi brûlées des robes et des vête- ments de femme. Il ne sera pas besoin, pour trouver des robes, d’en envoyer chercher hors de l’île, car il en est resté un grand nombre appar- tenant aux femmes données chaque jour en pâture au monstre. Sans chercher beaucoup, Obert en trouva en abondance et de toutes sortes. Il en fit revêtir Olympie, s’excusant de ne pouvoir la parer comme il aurait voulu. Mais ni la soie brillante, ni l’or le plus fin qui soit jamais sorti des mains des Florentins industrieux, ni aucun vêtement, eût-il été l’œuvre de la patience et des soins de l’habile Minerve ou du dieu de Lemnos, ne lui auraient paru dignes de parer et de couvrir les beaux membres dont le souvenir le poursuivait sans cesse. Le paladin Roland se montra à tous les points de vue très content de cet amour ; outre que le roi ne laisserait pas impunie – 215 –