droit à la porte d’or qui s’ouvrait au beau milieu. Presque au même instant arriva Bride d’Or, portant Roland menaçant et dédaigneux. Aussitôt qu’il est entré dans le palais, Roland jette les yeux autour de lui, mais il ne voit plus le guerrier ni la don- zelle. Il descend aussitôt de cheval et parcourt, tout fulminant, les moindres recoins de cette belle demeure. Il court deçà, delà, et visite, sans se lasser, chaque chambre, chaque appartement. Après avoir fouillé tout l’étage inférieur, il monte les escaliers et ne perd pas moins son temps et sa peine à chercher en haut, qu’il n’en a perdu à chercher en bas. Il voit les lits ornés d’or et de soie. Les murs, les parois et les parquets où il pose le pied, disparaissent sous les courtines et les tapis. En haut, en bas, le comte Roland va et vient, sans que ses yeux aient la joie de revoir Angélique, ou le voleur qui a ravi le beau visage aimé. Et pendant qu’il portait en vain ses pas d’un côté et d’autre, plein de fatigue et de soucis, il rencontre Ferragus, Brandimart, le roi Gradasse, le roi Sacripant, et d’autres chevaliers qui s’en allaient en bas, en haut, faisant, comme lui, de vains détours, et maudissant l’invisible seigneur de ce palais. Ils s’en vont tous cherchant, se plaignant tous de quelque larcin qu’on leur a fait. Celui-ci est en quête du destrier qu’on lui a enlevé ; celui-là enrage d’avoir perdu sa dame ; ceux-là accu- sent le châtelain d’autres méfaits ; et tous sont tellement ensor- celés, qu’ils ne savent pas sortir de cette cage, où, depuis des semaines entières et des mois, ils sont retenus par cet enchan- tement. Roland, après avoir fouillé quatre ou six fois tout l’étrange palais, dit à part soi : « Je perdrais ici mon temps et ma peine, et peut-être le voleur a-t-il entraîné Angélique par une autre – 220 –