voir pernicieux, elle porta à ses lèvres de rose l’anneau qui lui avait fait éviter plus d’un danger. Soudain, elle disparut à leurs yeux, les laissant comme insensés et stupéfaits. Son premier projet était de prendre avec elle Roland ou Sa- cripant qui l’aurait accompagnée dans son retour au royaume de Galafron, dans l’extrême Orient ; mais soudain il lui vint un pro- fond dédain pour tous les deux. Changeant en un instant de ré- solution, elle ne voulut rien devoir ni à l’autre, et pensa que son anneau lui suffirait pour les remplacer. Les trois guerriers bafoués portent leurs regards stupéfaits d’un côté et d’autre à travers le bois. Tel le chien qui a perdu la trace du lièvre ou du renard qu’il chassait et qui s’est dérobé à l’improviste dans un terrier étroit, dans un épais taillis ou dans quelque fossé. La dédaigneuse Angélique se rit d’eux, car elle est invisible, et elle observe leurs mouvements. Au milieu du bois se montre un seul chemin. Les chevaliers croient que la donzelle s’en va par là devant eux, car il est im- possible de sortir d’un autre côté. Roland y court, Ferragus le suit, et Sacripant n’est pas moins prompt à donner de l’éperon. Angélique relient la bride à sa bête et derrière eux s’avance pai- siblement. Lorsqu’ils furent arrivés, tout courant, à l’endroit où le sen- tier se perdait dans la forêt, les chevaliers commencèrent à re- garder dans l’herbe s’ils ne trouveraient pas quelques traces. Ferragus, qui parmi les plus hautains aurait pu avoir la cou- ronne, se tourna vers les deux autres d’un air farouche, et leur cria : « D’où venez-vous ? » Retournez en arrière, ou prenez une autre voie, si vous ne voulez pas rester morts ici. Sachez que je ne souffre pas de com- pagnon quand il s’agit d’aimer ou de suivre ma dame. » Roland dit au Circassien : « Celui-ci pourrait-il s’exprimer autrement, – 225 –