d’arbre ; il n’y voit plus le casque, et il est tout enflammé de co- lère. Comme Ferragus, il conclut que c’était le chevalier qui était auparavant avec eux qui l’avait emporté. Tournant la bride, il fait sentir les éperons à Bride-d’Or. Ferragus, le voyant s’éloigner du champ de bataille, le suivit. Ils arrivèrent bientôt à un endroit où apparaissaient sur l’herbe les traces nouvelles du Circassien et de la donzelle. Le comte prit sa route à gauche, vers une vallée où le Cir- cassien s’était dirigé lui-même. Quant à Ferragus, il se tint plus près de la montagne, là où était le sentier qu’Angélique avait suivi. En ce moment, Angélique était arrivée près d’une fon- taine, dans un site ombreux et agréable, invitant chaque passant à s’arrêter sous ses ombres fraîches et à ne point la quitter sans y avoir bu. Angélique s’arrête près des eaux claires, ne pensant pas que personne survienne. Grâce à l’anneau magique qui la cache, elle ne craint pas qu’aucun mauvais cas puisse lui arriver. Aussi- tôt descendue sur l’herbe épaisse de la rive, elle suspend le cas- que à une branche, puis elle cherche l’endroit le plus frais pour y lier sa jument et la faire paître. Le chevalier d’Espagne qui avait suivi ses traces arrive à la fontaine. Angélique ne l’a pas plus tôt vu, qu’elle se rend invisi- ble et remonte sur sa haquenée. Elle ne peut reprendre le cas- que qui était tombé sur l’herbe et avait roulé loin d’elle. Aussitôt que le païen eut aperçu Angélique, il courut à elle plein de joie. Mais elle disparut, comme j’ai dit, avant qu’il eût pu la sai- sir, ainsi que disparaissent au réveil les fantômes vus en songe. Il s’en va, la cherchant à travers les arbres, et ses yeux impuis- sants ne peuvent plus la voir. Blasphémant Mahomet, Trivigant – 229 –