cie ; jadis fier et vaillant, et maintenant meilleur pour le conseil que pour le combat. L’autre suivait l’étendard du roi de Trémi- sène65, tenu pour un chevalier accompli parmi les Africains. Ceux qui le connaissaient l’appelaient Alzird. Ces gens, avec le reste de l’armée païenne, avaient séjourné pendant l’hiver, les uns plus près, les autres plus loin de Paris, logés tous dans les villas ou dans les châteaux environnants. Le roi Agramant, après avoir perdu de longs jours à essayer de prendre Paris, résolut de tenter un assaut final, puisqu’il ne pouvait pas s’en emparer autrement. Pour cette entreprise, il disposait de troupes innombra- bles ; outre celles qui étaient venues avec lui et celles qui, d’Espagne, avaient suivi la royale bannière de Marsile, il avait à sa solde beaucoup de gens de France, car de Paris jusqu’au royaume d’Arles, y compris une grande partie de la Gascogne – quelques forteresses exceptées – tout lui était soumis. À peine les ruisseaux tremblants eurent-ils commencé à fondre la glace sous leurs eaux tièdes, à peine les prés se furent- ils revêtus d’herbes nouvelles et les arbres de feuillage tendre, que le roi Agramant rassembla tous ceux qui suivaient sa for- tune, pour réunir autour de lui son immense armée et donner à ses affaires une meilleure tournure. À cet effet, le roi de Trémisène, ainsi que celui de Noricie, s’en allaient rejoindre en temps voulu le lieu indiqué pour pas- ser en revue chaque troupe, et voir si elles étaient en bon ou mauvais état. Roland vint à les rencontrer par hasard, comme je vous ai dit, marchant tous les deux de compagnie. Quant à lui, il cherchait toujours, selon qu’il en avait pris l’habitude, celle qui le tenait sous les chaînes de l’amour. 65 Aujourd'hui Tlemcen, ville de la province d'Oran, en Algérie. – 232 –