Au roi qu’il laisse tout étourdi. Roland ne se retourne point pour le frapper de nouveau ; il taille, tranche, fend, assomme les autres. Il semble à tous qu’ils l’ont sur les épaules. De même que par les airs, où l’espace s’ouvre devant eux, les étourneaux fuient l’audacieux émerillon, ainsi de toute cette troupe en dé- route, les uns tombent, les autres fuient en se jetant la face contre terre. L’épée sanglante ne s’arrête point que le champ de bataille ne soit vide de combattants. Roland hésite alors pour savoir de quel côté il doit continuer sa route, bien que tout le pays lui soit connu. Qu’il aille à droite ou à gauche, il ne songe qu’à chercher Angélique, et craint seulement d’aller où elle n’est pas. Il poursuivit son chemin, s’informant souvent d’elle, mar- chant par les champs et par les bois, comme un homme hors de soi-même. La nuit venue, il s’écarta de la route, attiré par une lueur, qui, de loin, s’échappait des fentes d’un rocher situé au pied d’une montagne. Roland s’approcha du rocher pour voir si Angélique n’était pas venue s’y reposer. Comme dans un bois d’humbles genévriers, ou par les chaumes de la vaste plaine, le chasseur qui poursuit le lièvre peureux, s’avance d’une marche incertaine à travers les sillons, explorant chaque buisson, chaque touffe d’herbe pour voir si la bête ne s’y est pas mise à couvert, ainsi Roland cherchait sa dame avec une grande patience, partout où l’espoir le poussait. Le comte, se dirigeant en toute hâte vers ce rayon de lu- mière, arriva à un endroit où, au sortir de l’étroit défilé de la montagne, la forêt s’élargissait, et où se cachait une grotte spa- cieuse, devant laquelle croissaient des épines et des jeunes pousses, qui formaient comme un mur pour dérober ceux qui se trouvaient dans la grotte aux regards de quiconque aurait voulu leur nuire. – 235 –