» Et si j’avais à te parler de chacune de celles qui seront l’honneur de ta race, ce serait trop long, car je n’en vois aucune que je dusse passer sous silence. Mais je ferai, entre mille, choix d’un ou deux couples, afin de pouvoir arriver jusqu’au bout. Que ne m’as-tu fait cette demande dans la caverne de Merlin ? Je t’aurais fait voir aussi leurs images. » De ton illustre souche sortira l’amie des œuvres illustres et des beaux travaux ; je ne sais pas ce que je dois le plus louer, de la grâce et de la beauté, ou de la sagesse et de la chasteté de la libérale et magnanime Isabelle, dont l’éclatante lumière fera nuit et jour resplendir la ville située sur le Mincio, et à laquelle la mère d’Ocnus a donné son nom. » Elle luttera, avec son digne époux, à qui prisera et aimera le plus la vertu, et à qui aura le plus de courtoisie. Si de l’un on doit raconter que, sur les bords du Taro et dans le royaume, il fut assez puissant pour délivrer l’Italie des Français, on dira de sa compagne, qui resta seule et chaste, qu’elle égala Pénélope, la femme d’Ulysse. » Je résume en quelques mots, et j’en laisse plus d’un, les grands et nombreux mérites de cette dame que Merlin me fit connaître autrefois dans la grotte, le jour où pour aller à lui je me séparai du vulgaire. Et si je voulais déployer ma voile sur cette grande mer, je naviguerais plus longtemps que Tiphys. En somme, je conclus que le ciel la dotera des vertus les plus re- marquables. » Elle aura près d’elle sa sœur Béatrice à laquelle un tel nom conviendra de tout point, car non seulement elle possédera pendant sa vie tous les biens qu’il est permis d’avoir ici-bas, mais elle rendra son mari le plus heureux des princes, de telle sorte que, lorsqu’elle aura quitté ce monde, il retombera au rang des plus infortunés. – 250 –