Chant XIV ARGUMENT. – L’armée des païens s’étant rassemblée, on constate l’absence des deux troupes détruites par Roland. Mandri- card, courant sur les traces du paladin, rencontre Doralice, fille du roi de Grenade, qui s’en va épouser Rodomont, roi de Sarze. Il tue le cortège, emmène Doralice avec lui et en fait sa femme. Les Mau- res donnent l’assaut à Paris. Dans les nombreux assauts et les cruels conflits que l’Afrique et l’Espagne avaient eus avec la France, le nombre était immense des guerriers morts et abandonnés au loup, au cor- beau, à l’aigle vorace. Et bien que les Français fussent plus mal- traités, ayant perdu toute la campagne, les Sarrasins avaient à se plaindre plus encore, par suite de la perte d’un grand nombre de leurs princes et de leurs grands barons. Leurs victoires avaient été si sanglantes, qu’ils n’avaient pas à s’en réjouir. Et s’il est permis, invincible Alphonse, de comparer les choses modernes aux choses antiques, la grande victoire dont la gloire est votre œuvre immortelle et dont Ra- venne doit pleurer toujours, ressemble aux victoires des Sarra- sins. Les Morins et les Picards, ainsi que les forces normandes et d’Aquitaine pliaient déjà, lorsque vous vous jetâtes au milieu des étendards ennemis de l’Espagnol presque victorieux, ayant derrière vous ces vaillants jeunes hommes qui, par leur courage, méritèrent en ce jour de recevoir de vous les épées et les épe- rons d’or. – 256 –