tienne qui vient de débarquer en Picardie, et fais-la approcher des murs de Paris, sans que le camp ennemi s’en aperçoive. » Va trouver d’abord le Silence, et dis-lui de ma part de te seconder dans cette entreprise. Il saura bien comment procéder dans cette circonstance. Cela fait, va sur-le-champ à l’endroit où la Discorde a son séjour. Dis-lui de prendre avec elle son bran- don et sa torche, et d’allumer le feu dans le camp des Maures ; » Et de répandre de telles divisions, de tels conflits entre ceux qu’on considère comme les plus vaillants, qu’ils se battent ensemble, jusqu’à ce que les uns soient morts, les autres prison- niers, d’autres blessés, d’autres entraînés par l’indignation hors du camp ; de façon que leur roi puisse tirer d’eux le moins d’aide possible. » L’oiseau béni ne répond rien à ces paroles, et s’envole loin du ciel. Partout où l’ange Michel dresse son aile, les nuées se dissi- pent et le ciel redevient serein. Un cercle d’or l’entoure, pareil à l’éclair que l’on voit briller pendant la nuit. Tout en poursuivant sa route, le messager céleste se demande où il doit descendre pour être sûr de trouver l’ennemi de la parole, auquel il doit faire sa première commission. Il cherche à se rappeler les lieux où il habite, et où il a cou- tume de séjourner. Enfin toutes ses pensées le portent à croire qu’il le trouvera parmi les religieux et les moines enfermés dans les églises et dans les monastères. Là, en effet, les discours sont tellement interdits, que le mot silence est écrit sur la porte de l’endroit où l’on chante les psaumes, où l’on dort, où l’on mange, et finalement à l’entrée de toutes les cellules. Croyant le trouver là, il agite plus vivement ses ailes dorées. Il pense y trouver aussi la Paix, le Repos et la Charité. Mais à peine a-t-il pénétré dans un cloître, qu’il est bien vite détrompé. – 271 –