On entend les vieillards vénérables se plaindre d’avoir été réservés pour de pareilles angoisses, et envier le bonheur de ceux qui reposent dans la terre depuis de nombreuses années. Mais les jeunes hommes, ardents et vigoureux, qui se soucient peu des dangers qu’ils vont affronter, et qui dédaignent les conseils des plus âgés, courent de toutes parts aux murailles. Là étaient les barons et les paladins, les rois, les ducs, les marquis et les comtes, les soldats étrangers et ceux de la ville, tous prêts à mourir pour le Christ et pour sa gloire. Ils prient l’Empereur de faire abaisser les ponts afin qu’ils puissent courir sus aux Sarrasins. Charles se réjouit de leur voir tant d’ardeur dans l’âme, mais il ne veut pas les laisser sortir. Il les place aux endroits opportuns pour barrer le passage aux barbares. Là, il se contente de mettre peu de monde ; ici une forte compagnie suffit à peine. Les uns sont chargés de manœu- vrer les feux et les autres machines, suivant les besoins. Charles ne reste pas inactif. Il se porte çà et là, organisant partout la dé- fense. Paris s’étend dans une grande plaine, au centre de la France, presque au cœur. Le fleuve passe entre ses murs, la tra- verse et ressort de l’autre côté. Mais auparavant, il forme une île et protège ainsi une partie de la ville, la meilleure. Les deux au- tres – car la ville est divisée en trois parties – sont entourées, en dehors par un fossé, en dedans par le fleuve. La ville, de plusieurs milles de tour, peut être attaquée par plusieurs points. Mais Agramant se décide à ne donner l’assaut que d’un côté, ne voulant pas éparpiller son armée. Il se retire derrière le fleuve, vers le Ponant. C’est de là qu’il attaquera, parce qu’il n’a derrière lui aucune ville, aucun pays qui ne lui appartienne jusqu’en Espagne. – 276 –