Ils ne s’aident pas seulement du fer ; ils emploient les gros quartiers de roches, les créneaux entiers, les murs ébranlés à grand’peine, les toits des tours. L’eau bouillante versée d’en haut fait aux Maures d’insupportables brûlures. Ils résistent difficilement à cette pluie horrible qui pénètre par les casques, brûle les yeux, Et fait plus de ravages que le fer. Qu’on pense à ce que de- vaient produire tantôt les nuées de chaux, tantôt les vases ar- dents d’où pleuvent l’huile, le soufre, la poix et la térébenthine. Les cercles entourés d’une crinière de flammes ne restent pas inactifs. Lancés de tous côtés, ils décrivent de redoutables cour- bes sur les Sarrasins. Cependant, le roi de Sarse avait poussé sous les murs la se- conde colonne, accompagné de Buralde et d’Ormidas qui com- mandent, l’un aux Garamantes, l’autre à ceux de Marmonde. Clarinde et Soridan sont à ses côtés. Le roi de Ceuta se montre à découvert, suivi des rois de Maroc et de Cosca, connus tous deux pour leur valeur. Sur sa bannière qui est toute rouge, Rodomont de Sarse étale un lion qui se laisse mettre une bride dans sa gueule féroce par sa dame. Le lion est son emblème. Quant à la dame qui lui met un frein et qui l’enchaîne, elle représente la belle Doralice, fille de Stordilan, roi de Grenade, Celle qu’avait enlevée le roi Mandricard, ainsi que je l’ai dit. J’ai raconté où et à qui. Rodomont l’aimait plus que son royaume et que ses yeux. C’était pour elle qu’il montrait tant de vaillance, sans savoir qu’elle était au pouvoir d’un autre. S’il l’eût su, il aurait fait pour la délivrer autant d’efforts qu’il en fit en ce jour devant Paris. Mille échelles sont en même temps appliquées aux murs. Elles peuvent tenir deux hommes sur chaque gradin. Ceux qui – 278 –