pour pénétrer plus loin, et que ceux-ci n’en viendront pas faci- lement à bout, car entre les remparts et la seconde enceinte s’étend un fossé horrible et profond. Outre que les nôtres font une vigoureuse résistance au bas de ce fossé, et déploient une grande valeur, de nouveaux ren- forts qui se tenaient aux aguets derrière le rempart extérieur, entrent dans la mêlée et font, avec leurs lances et leurs flèches, un tel carnage dans la multitude des assaillants, que je crois bien qu’il n’en serait pas resté un seul, si le fils du roi Ulien n’eût pas été avec eux. Il les encourage, et les gourmande et les pousse devant lui malgré eux. Il fend la poitrine, la tête, à ceux qu’il voit se re- tourner pour fuir. Il en égorge et en blesse un grand nombre. Il en prend d’autres par les cheveux, par le cou, par les bras, et les jette en bas, autant que le fossé peut en contenir. Pendant que la foule des barbares descend, ou plutôt se précipite dans le fossé hérissé de périls, et de là par toutes sortes de moyens, s’efforce de monter sur la seconde enceinte, le roi de Sarse, comme s’il avait eu des ailes à chacun de ses membres, malgré le poids de son corps gigantesque et son armure si lourde, bondit de l’autre côté du fossé. Ce fossé n’avait pas moins de trente pieds de large. Il le franchit avec la légèreté d’un lévrier, et ne fait, en retombant, pas plus de bruit que s’il avait eu du feutre sous les pieds. Il frappe sur les uns et sur les autres, et, sous ses coups, les armu- res semblent non pas de fer, mais de peau ou d’écorce, tant est bonne la trempe de son épée, et si grande est sa force. Pendant ce temps, les nôtres qui ont tenu cachées dans les casemates de nombreuses fascines arrosées de poix, de façon que personne parmi les ennemis ne s’en est aperçu, bien que du – 281 –