Chant XV ARGUMENT. – Pendant le tumulte de l’assaut donné à Paris, Rodomont pénètre dans les murs de la ville. – Astolphe, qui a reçu de Logistilla un livre mystérieux et un cor doué d’une vertu singu- lière, prend congé d’elle et débarque dans le golfe de Perse. Il passe en Égypte et y fait prisonnier le féroce Caligorant. Puis il va à Da- miette, où il voit Orrile, voleur et magicien, qu’il trouve aux prises avec Aquilant et Griffon. Il va avec ces derniers à Jérusalem, gou- vernée par Sansonnet au nom de Charles. Griffon y apprend des nouvelles déplaisantes de sa maîtresse Origile, et va en secret la trouver. Vaincre fut toujours une chose digne d’éloges, que la vic- toire soit due à la fortune ou au génie. Il est vrai qu’une victoire sanglante atténue souvent le mérite d’un capitaine. En revan- che, on acquiert une éternelle gloire, et l’on parvient aux hon- neurs divins, quand on réussit à mettre les ennemis en déroute, tout en ménageant ses propres troupes. C’est ainsi, mon seigneur, que votre victoire fut digne d’éloges 69, quand vous maltraitâtes tellement le Lion de Saint- Marc, si redouté sur les mers, – et qui avait occupé l’une et l’autre rive du Pô, depuis Francolin jusqu’à son embouchure, – qu’on l’entend encore rugir. Mais pour moi, tant que je vous verrai à notre tête, je ne tremblerai pas à sa voix. Vous montrâ- 69 Allusion à la victoire que le cardinal Hippolyte d’Este, à la tête de trois cents cavaliers et autant de fantassins, remporta sur les Vénitiens près de Volano. – 283 –