nombre d’hommes d’armes expérimentés et bien armés, et beaucoup d’autres encore sans courage et nus, dont le lâche cœur ne se croirait pas suffisamment protégé sous mille bou- cliers. Le roi des Sarrasins trouva de ce côté tout le contraire de ce qu’il avait pensé, car à la porte était en personne le chef de l’empire, le roi Charles, avec ses paladins : le roi Salamon, Ogier le Danois, les deux Guy, les deux Angelins, le duc de Bavière, Ganelon, Bérenger, Avolin, Avin et Otton ; Puis une infinité de guerriers d’un rang inférieur, français, allemands et lombards, tous désireux de se faire, sous les yeux de leur prince, une réputation parmi les plus vaillants. Je vous rendrai compte une autre fois de leurs prouesses, car je suis obligé pour le moment de revenir à un puissant duc qui m’appelle, et de loin me fait signe de ne pas le laisser dans l’embarras. Il est temps que je retourne à l’endroit où j’ai laissé l’aventureux Astolphe d’Angleterre, qui a désormais son long exil en horreur, et brûle du désir de revoir sa patrie. Celle qui avait vaincu Alcine lui avait donné à espérer qu’il pourrait la revoir, et elle s’était occupée à l’y renvoyer par la voie la plus prompte et la plus sûre. À cet effet, elle fit appareiller la meilleure galère qui jamais ait sillonné les mers. Et comme elle craignait qu’Alcine ne cher- chât à troubler son voyage, Logistilla ordonna à Andronique et à Sophrosine d’accompagner Astolphe avec une forte escadre, jusqu’à ce qu’il eût gagné sain et sauf la mer d’Arabie ou le golfe Persique. Elle lui conseille de contourner les rivages de la Scythie, de l’Inde et des royaumes Nabathéens, et de rejoindre, par ce long détour, les côtes de Perse et d’Érythrée, plutôt que d’aller par la – 285 –