mer boréale, toujours troublée par des vents mauvais et dange- reux, et de traverser ces régions où l’on est plusieurs mois sans voir le soleil. La Fée voyant que toutes les mesures étaient prises, permit au duc de partir, après l’avoir renseigné et instruit sur une foule de choses qu’il serait trop long de répéter. Pour empêcher qu’il ne tombât dans quelque enchantement dont il ne pourrait sor- tir, elle lui avait donné un beau et très utile livre, en lui recom- mandant, pour l’amour d’elle, de l’avoir toujours sur lui. Ce petit livre enseignait comment l’homme doit combattre les enchantements. Divers signes indiquaient où ce sujet était traité. Enfin elle lui fit encore un don qui surpassait tous ceux qui furent jamais faits ; c’était un cor dont le son terrible faisait fuir tous ceux qui l’entendaient. Je dis que le son de ce cor était si terrible, que, partout où il s’entendait, il faisait fuir les gens. On n’aurait pu trouver dans l’univers un homme au cœur assez fort, pour s’empêcher de fuir aussitôt qu’il l’aurait entendu. La rumeur produite par le vent ou les tremblements de terre, le tonnerre lui-même, ne sont rien en comparaison. Le brave chevalier anglais prit congé de la Fée, après lui avoir adressé de chaleureux remercîments. Laissant le port et ses ondes tranquilles, le duc, poussé par une brise heureuse qui souffle à la poupe, navigue à travers les riches et populeuses cités de l’Inde embaumée. Il découvre, à droite et à gauche, des milliers d’îles éparses, et s’avance jusqu’à ce qu’il aperçoive la terre de Thomas. Là, le pilote tourne plus au nord. – 286 –