exista jamais. Mais ce Doria, par son seul génie, avec ses seules forces, purgera ces mers, de sorte que des rives de Calpé à l’embouchure du Nil, son nom, où qu’il s’entende, fera trembler tout navire. » Je vois Charles, conduit par le capitaine dont je te parle, et protégé par sa parole, entrer en Italie dont il lui a ouvert la porte, et ceindre la couronne. Je vois que le prix de cet immense service, Doria le réclame non pour lui, mais pour sa patrie. Par ses prières, il obtient qu’elle soit laissée en liberté, alors que bien d’autres l’auraient sans doute asservie. » Ce respect touchant qu’il montre pour sa patrie est plus glorieux que toutes les victoires remportées par Jules César en France, en Espagne, dans ton pays, en Afrique ou en Thessalie. Le grand Octave, ni son rival Antoine, ne méritent non plus d’être autant honorés pour leurs exploits, car toute leur gloire est ternie par l’usage qu’ils en firent pour asservir leur patrie. » Que ceux-ci, et tous ceux qui tentent de rendre esclave leur patrie libre, rougissent au seul nom de Doria, et n’osent plus lever les yeux sur un visage d’homme. Je vois Charles, dési- reux de le récompenser plus largement, outre les honneurs qu’il lui fait partager avec ses compagnons, lui donner cette riche terre de la Pouille, où les Normands poseront la base de leur grandeur. » Ce n’est pas seulement envers ce capitaine que le magna- nime Charles se montrera généreux ; il s’acquittera envers tous ceux qu’il aura vus peu avares de leur sang pour le succès des armes impériales. Je le vois plus joyeux de pouvoir donner une ville ou toute une province à un de ses fidèles et à tous ceux qui en sont dignes, que de l’acquisition de nouveaux empires ou de nouveaux royaumes. » – 290 –