sonnier ; il le frappe d’un coup de pointe, lui transperce le flanc, et le jette hors de selle, pâle et glacé. Chelinde, voyant que son frère lui est ravi, accourt plein de fureur sur Zerbin, espérant le renverser sous le choc ; mais ce- lui-ci saisit le coursier par le frein, et le renverse à terre, d’où il ne se relève pas ; il ne mangera plus désormais ni avoine ni foin. Zerbin a frappé si fort que, du même coup de taille, il a occis le cheval et le maître. Calamidor, effrayé de ce qu’il vient de voir, tourne bride pour fuir en toute hâte ; mais Zerbin lui porte un coup par der- rière, en disant : « Traître ; attends, attends ! » Le coup ne porte pas aussi loin que Zerbin l’espérait à cause de la distance. Il ne peut atteindre le cavalier, mais il frappe le destrier sur la croupe, et le jette à terre. Son maître abandonne le cheval, et cherche à s’échapper en se traînant sur les pieds et sur les mains ; mais cela lui réussit peu. Le duc de Trason passe par hasard sur lui et l’écrase sous le poids. Ariodant et Lurcanio accourent à l’endroit où Zerbin est entouré d’une foule d’ennemis. Ils amènent avec eux d’autres chevaliers qui prêtent leur aide à Zerbin, jusqu’à ce qu’il ait pu remonter à cheval. Ariodant faisait tournoyer son glaive, et Artalique et Mar- gan s’en aperçurent trop bien. Étéarque et Casimir sentirent encore davantage la puissance de son bras. Les deux premiers s’enfuirent blessés ; les deux autres restèrent morts sur place. Lurcanio montre sa force ; il frappe, heurte, renverse et tue. Ne croyez pas, seigneur, que dans la plaine le combat soit moins acharné que près du fleuve, ni que l’armée conduite par le brave duc de Lancastre reste en arrière. Ses troupes attaquent les Espagnols, et de part et d’autre la lutte est pareille ; fantas- – 318 –