Jérusalem, au sein d’une plaine fertile, abondante, et non moins agréable l’hiver que l’été. Une montagne voisine lui dérobe les premiers rayons de l’aurore naissante. Deux fleuves aux eaux de cristal traversent la ville, arrosant de leurs canaux multipliés un nombre infini de jardins toujours pleins de fleurs et de verdure. On prétend aussi que les eaux de senteur y sont assez abondantes pour faire tourner des moulins, et que celui qui se promène dans les rues sent l’odeur des par- fums s’échapper de toutes les maisons. La rue principale est entièrement recouverte de tapis aux couleurs variées et éclatantes ; le pavé est jonché d’herbes odo- riférantes, et les murs des maisons disparaissent sous un vert feuillage. Chaque porte, chaque fenêtre est ornée de fines drape- ries, mais plus encore de belles dames aux robes somptueuses et chargées de pierreries. Dans l’intérieur des portes, le peuple se livre en beaucoup d’endroits à des danses joyeuses, et de beaux chevaux richement caparaçonnés caracolent de leur mieux par les rues. Mais ce qui était le plus beau à voir, c’était le riche cortège des seigneurs, des barons et des vassaux couverts de tout ce que l’Inde et les pays lointains d’Érythrée peuvent fournir de perles, d’or et de pierreries. Griffon et ses compagnons s’en venaient lentement, admi- rant de çà de là, lorsqu’un chevalier les arrêta et les fit monter dans son palais, où, avec la courtoisie en usage à cette époque, il ne les laissa manquer de rien. À peine entrés, il leur fit apprêter un bain, puis d’un air gracieux, il les invita à s’asseoir à une ta- ble somptueuse. Et il leur raconta comment Norandin, roi de Damas et de toute la Syrie, avait invité tous ceux qui, dans le pays et à l’étranger, avaient rang de chevalerie, à venir prendre part aux – 328 –