Vergalle, et le délie de son serment : il avait promis à sa femme de retourner auprès d’elle au bout de six mois et vivant. Dardinel voit non loin de là le vaillant Lurcanio qui vient de renverser Dorchin, auquel il a percé la gorge, et Gardo dont il a fendu la tête jusqu’aux dents. Il voit Altée fuir, mais trop tard, Altée qu’il aimait plus que sa propre vie, et que le farouche Lur- canio occit d’un coup asséné derrière la nuque. Il saisit une lance et court le venger, en disant à son écuyer Macon, qui peut à peine l’entendre, que s’il met Lurcanio à mort, il suspendra ses armes en ex-voto dans la grande mos- quée. Puis, franchissant d’un bond la distance qui les sépare, il le frappe au flanc avec une telle force que la lance sort de l’autre côté. Il ordonne ensuite aux siens de prendre ses dépouilles. Il est inutile de me demander si Ariodant, le frère de Lur- canio, dut ressentir une profonde douleur, et s’il désira ardem- ment envoyer de sa main Dardinel parmi les âmes damnées. Mais la foule des combattants, aussi bien du côté des infidèles que des chrétiens, ne lui permet pas de mettre son projet à exé- cution. Il veut pourtant se venger, et de çà, de là, il cherche à s’ouvrir un chemin avec son épée. Il frappe, il transperce, il culbute, il renverse, il taille, il fend tous ceux qui lui font obstacle ou lui résistent. Dardinel, qui s’aperçoit de son désir, est prompt à vouloir le satisfaire. Mais la multitude l’arrête aussi, et s’oppose à son dessein. Tan- dis que l’un extermine les Maures, l’autre fait un massacre des Écossais, des Anglais et des Français. La Fortune ne leur permit point de se rencontrer de toute cette journée. Elle réservait l’un d’eux pour une main plus fa- meuse, et l’homme évite rarement son arrêt. Voici qu’elle amène Renaud de ce côté, afin que Dardinel ne puisse échapper à la – 363 –