mort ; voici Renaud qui vient ; la Fortune le conduit ; c’est à lui qu’elle accorde l’honneur de tuer Dardinel. Mais c’est assez parler des glorieux faits d’armes qui se passent dans le Ponant. Il est temps que je retourne à Griffon, que j’ai laissé plein de colère et d’indignation, chassant tumul- tueusement devant lui la populace affolée de terreur. Le roi No- randin était accouru à cette grande rumeur, suivi d’une troupe de plus de mille hommes d’armes. Le roi Norandin, avec son escorte armée, voyant tout le peuple s’enfuir, accourt à la porte qu’il fait ouvrir aussitôt son arrivée, et devant laquelle il range ses gens en bataille. Pendant ce temps, Griffon, après avoir chassé loin de lui la foule lâche et sotte, avait de nouveau endossé l’armure déshonorée, la seule qui se trouvât à sa portée. Tout près était un temple aux murailles hautes et fortes, et entouré d’un fossé profond. Il s’établit solidement en tête du pont-levis, de façon qu’on ne puisse pas l’entourer. Soudain, voici qu’un gros escadron sort par la porte, poussant des cris et des menaces. L’intrépide Griffon ne bouge pas de place, et para- ît peu effrayé. Dès qu’il voit cette troupe à peu de distance, il s’élance sur la route à sa rencontre. Il en fait un grand carnage, une vraie boucherie, frappant de son épée qu’il tient dans ses deux mains. Puis il court se reposer sur le pont étroit ; mais il ne laisse pas languir longtemps ses adversaires ; il fait une nouvelle et san- glante sortie, et revient à son poste d’observation, laissant tou- jours après lui d’horribles traces de son passage. Il renverse a gauche, à droite, piétons et cavaliers. Ce com- bat exaspère la population tout entière soulevée contre lui. À la fin, Griffon craint d’être submergé, tellement il voit croître la mer humaine qui l’entoure de tous côtés ; déjà, il est blessé à – 364 –